[M-E 001] Archives de chroniques - Autocritique

"ARCHIVES" CHRONIQUES 2001- 2003

Dans ce topic, quelques "vieilles" chroniques, que j'avais écrites entre 2001 et 2003 sur divers disques et que je ne "reprendrais" pas dans ADM (enfin, on verra...), agrémentée de quelques commentaires plus récents... Je "recycle" donc des fichiers retrouvés sur mes disquettes et les actualise quelque peu avec un regard critique...


ARCTURUS "La Masquerade Infernale" (1998 Misanthropy Records)..... 4/6

8/10 à l'époque (chronique écrite en mars 2001)

Ce disque est un voyage musical étrange mais finalement assez prenant: imaginez un train fantôme qui vous mènerait de morceau en morceau dans une ambiance surréaliste de petit cirque des horreurs. Ce qui frappe d'abord, c'est cette ambiance très théâtrale, puis la richesse musicale; de très nombreux éléments s'enchevêtrent à la manière d'un spectacle vivant, s'interpellent puis se répondent. On dépasse là le strict cadre du black-metal qui caractérisait auparavant la musique pourtant déjà atypique de ce groupe norvégien. Les vocaux black ont quasiment disparu pour laisser place à un chant déjà présent sur les précédentes oeuvres du groupe mais qui a gagné en profondeur et en assurance; la voix grave est parfois doublée par une voix plus aiguë tandis que des effets assez discrets permettent de moduler les expressions du chant en fonction des émotions recherchées. Les compositions sont originales, bien construites, les transitions sont propres malgré l'importance des contrastes entre les différents passages; les claviers sont bien entendu très présents, ce sont eux qui dominent la musique, soutenus par des riffs de guitare audacieux et alambiqués dont le son est assez éloigné d'une production metal habituelle. D'autres instruments, tels que des violons ou du piano, renforcent l'aspect néoclassique qui se dégage de l'ensemble de l'ouvrage. Une utilisation modérée et judicieuse de l'électronique (samples, bruitages divers) permet d'intéressantes expérimentations. Le jeu de batterie est varié et ne tombe jamais dans le piège de la facilité, on comprend mieux quand on sait que c'est Hellhammer qui se trouve derrière les fûts. En bref, un album très riche qui nécessite un certain investissement d'écoute et que je conseille à tous ceux avides d'écouter des choses "différentes".

Note janvier 2005: un album qui m'avait tout d'abord ébahi mais qui vieillit quand même un peu... ce que je continue à apprécier sur ce disque (et ce n'est pas le cas des autres productions d'Arcturus), c'est la folie étrange (mais relative) qui l'habite... Je ne modifierais peut-être pas grand chose de cette chronique (à part la rédaction de certains phrases évidemment), mais j'essaierais de rendre mieux compte de l'impression que la musique me procure... Quant à la phrase sur Hellhammer je m'en abstiendrais tant elle est clichesque et dénuée d'intérêt. J'éviterais aussi dorénavant la conclusion en forme de conseil...


AS DIVINE GRACE "Lumo" (1997 Avant Garde Music)..... 3/6

7/10 à l'époque (chronique écrite en mars 2001)

Il s'agit du premier album de ce groupe finlandais qui officiait alors dans un doom-metal éthéré avec une voix féminine digne des meilleurs groupes "d'heavenly voices". S'il y avait quelque chose à reprocher à cet album, ce serait qu'il y a parfois quelques longueurs inutiles et que l'ensemble sonne très homogène (certains diront monotone). En fait, il est difficile d'aimer ce disque à la première écoute: j'ai moi-même mis plusieurs mois pour l'apprécier à sa juste valeur; certaines harmonies sonnent bizarrement et il y a des moments où on a l'impression que le chant est complètement "décalé" (au niveau harmonique) par rapport aux mélodies des guitares. Avec le temps on se rend compte que cela résulte d'un travail sur les harmonies et vraisemblablement d'une démarche de composition volontaire. De même, on s'aperçoit peu à peu que la "monotonie" n'est qu'apparente puisque la rythmique est assez élaborée et que le batteur fait preuve de pas mal d'inventivité. Bien sûr, la majorité des tempos sont lents et l'ambiance générale n'est pas à la joie de vivre, de même qu'aucun morceau ne sort vraiment du lot, mais c'est souvent le cas pour ce genre de disques dont il faut savoir apprécier la globalité plus que telle ou telle autre partie. Un chant masculin assez commun mais bien exécuté intervient parfois mais c'est surtout la belle voix d'Hanna Kalske qui domine dans un registre assez étendu, délicat et triste mais non dénué de colère quand le besoin s'en fait sentir. La longueur des morceaux permet au groupe de développer ses ambiances et cela n'est pas handicapant à l'écoute. Les claviers sont discrets mais presque toujours présents en nappes éthérées venant porter les riffs et les mélodies de guitare dont le son n'est pas trop massif mais plutôt cristallin. C'est un album à conseiller aux fans de doom (du vrai, pas du goth-metal) avec voix féminine (on est toutefois plus proche d'un The 3rd And The Mortal que d'un The Gathering).

Note janvier 2005: voilà une chronique qui a mal vieilli, comme le disque qu'elle chroniquait... Je n'écoute quasiment plus ce disque et quand je le fais, je m'ennuie vite... Mais je dois reconnaître que certains passages m'attirent encore... Une chronique que je ne réécrirais probablement pas, ce disque est moyen, il y a peu à en dire de plus (à part pour en faire une description, mais c'est déjà fait).


SATURNUS "Martyre" (1999 Euphonious Records)..... 4/6

8/10 à l'époque (chronique écrite en avril 2001)

Il s'agit du second album de ce groupe danois qui officie dans un doom-metal très mélancolique. leur premier album ("Paradise Belongs To You") avait été un choc pour moi et je considérais ce groupe comme un de mes préférés dans ce style avec My Dying Bride. J'attendais donc cet album avec impatience et ne fus pas déçu: malgré quelques changements assez notables, le fond reste le même et le groupe n'a rien perdu de ce qui faisait son charme. Les morceaux sont moins longs (le plus long dépasse à peine 7 mn) - mais il est vrai qu'ils avaient fait fort sur le premier (cinq morceaux dépassant 8 mn) - et l'ensemble sonne plus varié; les gros riffs bien lents alternent toujours avec des passages plus "atmosphériques" au piano ou à la guitare acoustique, la voix death alterne toujours avec une voix parlée récitative mais de nouveaux sons ont fait leur apparition: comme une sorte de clavier "moog" sur certains morceaux ou une voix rauque (entre Darren White - ex-Anathema - et Nick Holmes - Paradise Lost -) qui vient se glisser entre la voix death et les passages parlés. Ce qui me plaisait surtout dans le premier album et qui est toujours là, ce sont les magnifiques harmonies entre les riffs saturés bien gras et la guitare plus aiguë qui tisse des mélodies aériennes belles à pleurer. Les solos ne sont pas nombreux mais, quand il y en a, ils sont très mélodiques et réussis. Les morceaux, bein que de structure assez simple, sont bien construits et aucun élément n'est superflu. Les claviers sont relativement discrets mais apportent beaucoup à l'ambiance générale, de même que les mélodies jouées au piano, assez simples mais toujours justes. La voix death est très grasse mais elle intervient un peu moins qu'auparavant tandis que la part des vocaux parlés - un peu affectés - a augmenté. C'est vrai que l'ambiance générale est très triste et mélancolique (mais dans une moindre mesure que sur le premier album), mais ce sont cette tristesse et ce désespoir résigné qui rendent la musique du groupe si forte émotionnellement.

Note janvier 2005 : mise à part la rédaction de la chronique que je remanierais profondément (certains phrases sonnent creux), c'est surtout la comparaison avec "Paradise Belongs To You" que j'estomperais. Je développerais plus sur le ressenti (la chronique sonne "inachevée"), même si les grandes lignes sont déjà là... Dans l'ensemble, ce que je pensais de cet album à l'époque est toujours valable.

SENTENCED "Down" (1996 Century Media)..... 5/6

9/10 à l'époque (chronique écrite en avril 2001)

La baffe ! Je n'arrive pas à déterminer combien de fois j'ai bien pu écouter cet album tellement il m'a marqué. C'est bien simple, tout y est quasi-parfait ! Le son, d'abord: clair et puissant. Les compositions ensuite: monstrueusement "heavy" et accrocheuses avec des mélodies terribles, l'émotion suintant au travers de chaque note. La voix est grave mais claire, puissante, passant de moments de colère à d'autres plus retenus, le tout avec une justesse confondante. Une voix féminine intervient de temps en temps pour des mélodies simples mais touchantes. Les guitares se font lourdes ou aériennes, agressives ou enjôleuses, bâtissant des murs de riffs ou tissant de fines mélodies qui viennent se superposer de manière très travaillée. Les solos sont toujours présents au bon moment et sont techniquement parfaits sans qu'ils tombent dans le piège de la démonstration gratuite. La rythmique basse/batterie fait son travail avec classe, soutenant cette magnifique architecture avec des fondations solides, majoritairement mid-tempo mais sachant varier les plaisirs pour éviter l'écueil de la monotonie. Une écoute approfondie est nécessaire pour saisir une foule de petits détails qui ne sont pas perceptibles lors d'une écoute superficielle et qui donnent toute leur valeur aux compositions. Ce qui est également incroyable, c'est l'ambiance qui se dégage de ce disque, une ambiance que je qualifierais de "crépusculaire", les émotions qui en découlent se mettant au diapason: mélancolie,tristesse, désespoir mais aussi colère et assez paradoxalement, une volonté de se battre, en fait je ne parviens pas vraiment à l'expliquer... Il s'agit d'un disque majeur de heavy-metal avec des influences gothiques subtilement intégrées dans un ensemble remarquablement cohérent. La beauté des mélodies et les émotions que laisse transparaître un chant très expressif ne peuvent laisser insensible et, même si cet album n'est pas la plus original que l'on ait entendu ces dernières années, il est absolument magnifique et mérite l'attention d'un maximum de monde.

Note janvier 2005: je trouve cette chronique enthousiaste un peu trop "commune" dans la mesure où elle n'apprend pas grand chose sur ce qui me fait vibrer à l'écoute du disque. C'est descriptif, ça s'emporte un peu et je me pose au final comme "conseiller" ("allez l'écouter"), un truc que je ne supporte plus de lire dans une chronique... Une de celles à retravailler le plus sévèrement à mon goût...

SOLSTICE "New Dark Age" (1998 Misanthropy Records)..... 4/6

8/10 à l'époque (chronique écrite en août 2003, mise en ligne une première fois sur Metalliens)

Deuxième album pour ce groupe de doom anglais après l'excellent "Lamentations" sorti en 1994. Le groupe a subi quelques changements de line-up et a vu arriver un nouveau chanteur, Morris Ingram, en lieu et place de Simon Matravers. A noter que le guitariste Hamish H.Glencross est aussi membre de My Dying Bride.
Cet album se distingue du précédent par des morceaux plus longs et aux structures plus complexes. Plus sombre également, mais toujours aussi épique, le style de Solstice peut se définir comme du doom-metal classique (dans le même genre que Candlemass et Solitude Aeturnus) mais avec une touche venue de l'école britannique du début des 90's (et notamment My Dying Bride pour certains riffs et certaines harmonies de guitare). Solstice possède cependant son identité propre, d'abord grâce aux vocaux qui, il est vrai, sont surprenants de prime abord par leur "fragilité", mais qui collent parfaitement à la musique du groupe je trouve (même si je préférais le chanteur précédent), grâce aux compositions ensuite, vraiment bien construites et sans temps morts. La voix se fait plus grognée sur quelques passages, mais rien à voir avec du death-metal. Les morceaux sont variés, on trouve bien entendu des passages lents et lours, mais aussi d'autres plus véloces, le jeu de batterie est assez développé. On retrouve aussi les chants religieux dans le lointain, cette fois-ci en fin d'album (ils se trouvaient au début sur "Lamentations"). Enfin, il y toujours cette petite touche que je qualifierais de quasi-médiévale et qu'on peut trouver notamment dans le sixième morceau, mais il s'agit vraiment d'une influence très marginale que je trouvais plus présente sur le premier album. Ce groupe est l'un de ceux que je préfère dans ce style, il me donne l'impression à l'écoute de me trouver sur une colline rocheuse au bord de la mer et de contempler le monde avec tristesse certes, mais comme touché par une sagesse religieuse (la mer et ses vagues bleues-grises devant moi, la etrre et ses plaines vertes derrière moi, le ciel nuageux avec quelques rayons de soleil au-dessus de moi).

Note janvier 2005: sur ce coup (encore) j'essaierais de développer ce que me fait ressentir ce disque pour compléter le côté descriptif et "historique" déjà bien présent... sinon, dans l'ensemble mon avis sur l'album n'a pas beaucoup évolué, sauf que 8/10 était probablement un peu beaucoup, la notation sur 6 permet d'être moins tenté par le surnotage à mon avis... bon, de toutes manières je préfère le premier album "Lamentations" que je trouve carrément référentiel...

WITHIN TEMPTATION "Mother Earth" (2000 DSFA Records)..... 3/6

7/10 à l'époque (chronique écrite en septembre 2001)

Le retour des hollandais après un premier album, "Enter" en 1996, qui m'avait fait, en son temps, assez bonne impression dans une veine doom/death avec une chanteuse prometteuse. Avec ce deuxième album, pas mal de changements et, au final, un gothic-metal bien ficelé. Commençons par les points positifs: les grognements death du premier album ont disparu (pourtant j'aime le death mais dans ce cas là les vocaux étaient moyens), le chant de Sharon Den Adel est plus varié et surtout plus assuré, c'est à ce niveau-là que le progrès est le plus flagrant, la musique est plus riche, plus symphonique, mieux arrangée, les morceaux "Mother Earth", "Caged", "Ice Queen", "The Promise" et "Deceiver Of Fools" sont plutôt bons. Quant aux touches celtiques qu'on entend çà et là, elles sont discrètes, sonnent justes et ne tombent pas trop dans le cliché. Passons aux points négatifs, et ils ne sont malheureusement pas négligeables: ainsi, les deux ballades "Our Farewell" et "Never Ending Story" ne sont pas formidables (pas très inspirées avec des parties de piano plates qui n'expriment rien, avec une ambiance à l'eau de rose qui, de plus, ne sied pas aux textes), le dernier morceau "In Perfect Harmony", pourtant pas mal ficelé, contient des mélodies trop proches d'un morceau de Loreena Mc Kennitt et le morceau "Dark Wings" lorgne un peu trop sur Nightwish selon moi. Enfin, il est dommage que les parties symphoniques ne soient que des samples.
C'est un album plaisant, plus original que le premier (avec une identité plus affirmée, mais malheureusement gâché par des fautes de goût (les tentations du mainstream) qui l'empêchent de prétendre à une meilleure note.

Note janvier 2005: c'est probablement la chronique que je remanierais le plus si j'avais à la réécrire... Avec le temps, l'intérêt que je pouvais avoir à l'écoute de ce disque s'est vraiment émoussé... Je ferais disparaître toute comparaison avec le premier album, sauf pour me féliciter de la disparition des vocaux death que je trouve carrément poussifs et médiocres et non plus simplement moyens. Les bons morceaux cités entre guillemets sont effectivement bien composés mais on ne peut s'empêcher de les trouver dans leur globalité quand même assez niais (et cela est renforcé par la lecture des paroles, surtout de "Deceiver Of Fools" qui brasse du cliché à la pelle). Je crois que j'aurais, en vérité, du mal à réécrire une "vraie" chronique de ce disque dans la mesure où je le trouve tellement moyen et passe-partout qu'il ne me procure d'émotions qu'à de trop rares moments... Ceci dit, je comprends ce qu'on peut lui trouver d'attirant (puisque la séduction avait aussi fonctionné quelques temps avec moi): la netteté, la "propreté", la grandiloquence juste ce qu'il faut, la puissance mais pas trop non plus, du "metal" pour les mamans et les radios (ce qui semble se vérifier avec le troisième album), quoi...

Quel pied! Maarnaden se réveille

(Oui oui, je sais que tu as aussi posté plein de chroniques de concerts, lache ce fusil!).

- Au sujet d'ARCTURUS je trouve que l'utilisation de l'électronique n'est pas si "modérée et judicieuse" que ça. Il y a même de quoi vouloir zapper certains passages jusqu'au morceau suivant... (enfin c'est mon avis personnel)
- Pour SENTENCED tu parles de guitares "aériennes", cet adjectif est-il bien approprié ? (pour moi "aériennes" c'est David Gilmour, Steve Hackett ou Pat Metheny, des trucs très planants et cool, enfin rien à voir avec le genre Sentenced quoi). Mais bon, je ne connais pas cet album, je n'ai découvert Sentenced qu'à partir du suivant: "Frozen", que j'adore, avec son atmosphère vraiment glacée...
- A propos de SOLSTICE, tu aurais peut-être pu ajouter un mot sur la pochette qui est assez particulière et très belle, avec un côté "art nouveau" dans le graphisme (si c'est bien l'album que je crois)...

A part ça, c'est sans doute la première fois que je vois un chroniqueur s'autocritiquer publiquement de la sorte. Est-ce une forme de thérapie ?

ouais... le terme de guitares "aériennes" pour SENTENCED est effectivement un peu... capillo-tracté...

une thérapie ? je sais pas... je crois pas, l'envie de ce petit "exercice" m'est venue comme ça...