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(Cinoche) MILLION DOLLAR BABY

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Message  Kaptendonc Sam 9 Avr - 1:19

Rubrique Cinéma:

MILLION DOLLAR BABY
film de Clint Eastwood

(actuellement sur les écrans)

On sort de la salle complètement KO, et c’est presque normal, puisque c’est un film sur la boxe. Un sport qui se pratique avec des gants mais qui casse des nez, des arcades sourcillères, toutes sorte d’os, et parfois des vies. Surtout des vies, ce n’est pas nouveau, si on a vu “Raging Bull”, “Homeboy” ou “Fat City”, on sait à quoi s’attendre, mais là c’est encore plus fort, bizarrement parce qu’il s’agit de l’histoire d’une fille. Une boxeuse, qui au début se contente de donner de jolis petits coups nerveux et bien craquants sur un sac de sable dans l’ombre humide d’un club d’entrainement, avec un regard égaré et un sourire inoubliable, et qui à la fin se fait si effroyablement massacrer qu’on ne peut s’empêcher de serrer les dents et de fermer les yeux en espérant qu’elle s’en sortira mieux que ce que le scénario a prévu, mais non, c’est encore pire. On a atteint la limite de la résistance humaine, le bout de la route qu’on a cru droite et illimitée, la fin de toute croyance en une quelconque bonne étoile qui donnerait une seconde chance à ceux qui ont déjà trop donné. Mais ici on n’est pas dans “Rocky”, et la balance penche davantage du côté du réalisme froid et sans pitié que du rêve technicolor hollywoodien, et chaque image nous le rappelle avec une cruauté inouïe qui anihile d’un seul coup tout ce qu’on a pu voir au cinéma durant ces cinq ou dix dernières années sans se douter de rien. Et il a fallu que ce soit ce vieux routard de Clint Eastwood, avec ses rides arachnéennes et son regard d’esquimau, qui nous refasse sentir brusquement la mauvaise qualité des accoudoirs de fauteuils qu’on serre en permanence de nos doigts en sueur, tandis que le dossier devient aussi raide qu’un mur de briques où les graffitis s’accumulent au coeur de la nuit. “Tough ain’t enough”, peut-on lire par exemple sur une paroi de ce club de boxe où la jeune fille vient s’entrainer avec toute la rage de celle qui veut s’en sortir, c’est à dire faire quelque chose de sa vie qui ne soit pas simplement servir des parts de tarte au citron dans un restaurant minable, et on la comprend, surtout qu’en à peine deux plans et un travelling on a déjà suffisemment bien cerné la situation pour savoir à quel point elle en a bavé, et que ce n’est franchement pas près d’être fini. Dans le même lieu incertain et sinistre, on rencontre un vieux Noir borgne, joué par Morgan Freeman, plus génial que jamais, et un jeune débile qui n’arrive pas à piger comment un bloc de glace a pu entrer dans une bouteille, mais qui est d’accord pour se faire rétamer la tronche sur le ring sans même se rendre compte qu’il a le visage en sang au bout de même pas deux minutes. Voilà la vie, l’Amérique et sa population extrémiste et désespérée, prise sur le vif dans les petits détails d’une tragédie quotidienne, les horreurs familliales qui hantent les faits divers, les caravanes aux abords des petites villes du Middle-West, les mesquineries judiciaires et la rancoeur perpétuelle, les irréversibles fins de vies dans les cliniques anonymes. On comprend tout ça largement mieux que dans un documentaire de Michael Moore: la politique de G.W.Bush n’a même rien a voir là-dedans, on est carrément dans une autre dimention, celle de la mouche et du papillon, de la puce et de l’asticot, car tout est filmé au ras de la peau, on apperçoit très clairement les cicatrices, les hématomes, le sang qui ruisselle, une ombre plus noire que jamais qui hante un visage, le rend si explicite et si réaliste qu’on a presque honte de n’être rien, mais vraiment rien du tout par rapport à tant de force bouillonnante qui anime intérieurement chacun de ces personnages aussi lucides que docilement désespérés, dont on suit la fatale agonie en écrquillant les yeux, gênés par une telle intrusion à travers les lucarnes de la douleur. Les ombres sont dures, les angles secs, les plans brefs, les acteurs tristement réduits à leur essence théatrale digne d’une pièce de Beckett où plus grand chose n’a de sens sauf ce qui parvient encore à bouger au milieu des déchets, cette lutte contre l’apathie qui anime autant la fermentation des poubelles que les poings des boxeurs, et que cet étrange magicien rescapé d’un siècle de cinéma de cow-boys a réussi à retranscrire à travers plus de deux heures d’émotion totale et magique, en s’y impliquant au premier plan avec tant de réalisme que cela frole l’humilité. Clint Eastwood se retrouve d’emblée à l’opposé de tous les losers qui tentent vainement de se redonner un aspect reluisant à travers telle ou telle grosse production inopinée, car lui n’en n’a rien a battre, ce qu’il exprime désormais dans ses films est une vérité du dernier instant, quand on coupe la machine à oxygène et qu'on prépare une seringue avant de disparaître pour toujours.
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Message  maarnaden Sam 9 Avr - 14:18

j'ai bien apprécié aussi ce film... que j'ai trouvé fort... la troisième partie du film m'a un peu moins plu, un peu trop "misanthrope" (mais le terme est peut-etre trop fort) avec ce mépris à peine voilé de la plèbe (une chose que je supporte de moins en moins), mais c'est vrai que la famille dépeinte est absolument horrible... je ne dévoile pas tout pour ceux que voudraient le voir, mais j'ai trouvé "la scène des papiers" insoutenable...

sinon, l'actrice Hilary Swank est excellente, Clint Eastwood j'arriverais pas à me prononcer, mais il m'a plu (et quand je pense que les mêmes critiques qui le qualifiaient d'acteur de merde il y a quelques décennies, l'encensent maintenant Sad , la roue tourne...).

les combats de boxe (parce qu'il y en a évidemment) sont bien filmés et j'ai aussi apprécié ce côté-là (même si je trouve la boxe limitée en elle-même), on entre vraiment bien dedans ainsi que dans le petit monde de la salle d'entraînement

sinon, rien à ajouter à ce qu'a dit kapten dong qui en a bien parlé...
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Message  jol Sam 9 Avr - 16:41

Tiens j'ai failli aller le voir... vais peut-être y retourner finalement.
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Message  Kaptendonc Sam 9 Avr - 19:50

maarnaden a écrit:mais j'ai trouvé "la scène des papiers" insoutenable...
Insoutenable oui, et peut-être caricaturale, mais pas si loin de la réalité. Il y a partout des gens qui ont cet esprit vénal et qui sont prêts à tout pour avoir leur part du gâteau, j'en côtoie tous les jours des gens pareils, et leurs conversations axées uniquement autour du fric et de l'acquisition de biens matériels m'écoeure, mais qu'y faire ?
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