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Message  Kaptendonc Dim 19 Sep - 13:11

sujet de discussion générale: Qu'est ce que vous avez lu de beau ces derniers temps ?

study study study study study study


NATSUO KIRINO
"DISPARITIONS"
(collection poche 10/18)

J'ai trouvé ce bouquin au rayon des polars, et j'avais comme la vague impression qu'il n'y était pas à sa place. Il s'agit pourtant bien d'un polar, mais c'est sans doute le plus désespéré que j'ai jamais lu dans ma vie.
Le héros de l'histoire, l'inspecteur Utsumi, n'apparait qu'au 8ème chapitre, et il lui faut presque une demie-heure pour avaler une nouille, parce qu'il est atteint d'un cancer de l'estomac, dont il agonisera durant tout le reste du bouquin, et puis à la fin il meurt, sans même avoir pu boucler son enquète. Quelle ironie, on referme le livre sans savoir qui est le coupable, et ça laisse comme une sacrée boule dans la gorge, surtout qu'on sait que tous les personnages sont suspects. Mais ce n'est même pas vraiment important, car la véritable intrigue se déroule à un autre niveau, comme imprimée en filigrane dans toutes les pages de ce livre qui n'est pas un roman noir, mais plutôt gris, brunâtre, sépia, comme la photo sur la couverture.
Oh non, il n'y a pas ici de coups de révolver, de poursuites en bagnole, ni de traffic de drogue ou de quoi que ce soit, mais simplement l'errance d'une femme rongée de remords parce que sa fille a disparu, et dont la propre vie part en lambeaux. Tout ce qui lui reste, c'est le sentiment d'appartenir encore au monde des vivants, elle ne s'en rendra compte que vers la fin, lorsqu'elle ira se glisser dans le lit de cet homme cancéreux qui, lui, est déjà presque du côté des morts, et qui évidemment ne pourra pas lui procurer de plaisir, ni même un peu de chaleur.
Car tout est froid dans ce roman, ça se passe au mois d'aût mais c'est déjà l'automne, il pleut sans arrêt, et parfois il neige, et tous les lieux qu'on traverse sont effroyablement glacés: aéroports, quais de métro, quartiers de HLM désolés, bars à gigolos, restaurants minables étalés le long d'une plage sale où les chiens errent en hurlant.
Au fur et à mesure qu'on avance dans la lecture, tout ce qui semblait solide au départ semble se désagréger, moisir, se liquéfier sous nos yeux, en commençant par les relations entre les gens, qui s'entredéchirent sans sans rendre compte, sauf quand c'est déjà trop tard et qu'il n'y a plus que des regrets qui n'en finissent pas de faire mal. L'auteur lui-même a l'air de vouloir sans cesse revenir en arrière, comme pour pousser à l'extrème l'idée d' "enquête policière", et nous remontrer toutes les scènes sous des angles différents, de manière à mieux mettre à nu tous les personnages, les disséquer, les écorcher vif, les autopsier alors qui'ils sont encore en vie. Et on les sent souffrir à chaque page, tant bien physiquement que moralement, à tel point qu'on est parfois gêné d'assister à tout ça, comme si on avait ouvert la porte d'une chambre où se passeraient des choses qui ne nous regardent pas, et où se diraient des mots qu'on ferait mieux d'oublier.
Sans jamais tomber dans le pathos ni dans le mélo, et avec une froideur clinique où nulle complaisance n'est permise, Natsuo Kirino nous plonge dans les abîmes de la détresse humaine, à travers ce qui pourait n'être qu'un fait-divers banal, mais dont la narration nous tient en haleine sur 510 pages. Respect !

Attention, si vous n'êtes pas très en forme, si vous suivez un traitement aux antidépresseurs ou si vous êtes un fan absolu de My Dying Bride, abtenez-vous de lire ce livre pour le moment, car vous risquez d'avoir envie de mettre fin à vos jours avant d'en avant d'en être arrivé à la moitié.
Vous voilà prévenus !








confused
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Message  maarnaden Mer 22 Sep - 13:19

ne pourrait-on pas rebaptiser ce topic plus "généralement" "LITTERATURE/LECTURES" car j'ai bien lu des trucs ces derniers temps dont je parlerais volontiers mais comme ce n'est pas de la littérature japonaise... Mr. Green
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Message  jol Mer 22 Sep - 15:18

On peut aussi, s'il y a matière à, créer une rubrique "chroniques de livres" ou quelque chose d'approchant.

Je suis en train de lire le livre de Pierre Jourde dont parle Maarnaden dans un autre topic (La littérature sans estomac).

Et puis j'ai lu le fameux "Bonjour paresse"
(

http://www.amazon.fr/exec/obidos/ASIN/2841862313/qid%3D1095855119/171-7834525-1311440

)

Ca se lit en quelques heures mais ça n'a pas vraiment d'intérêt.

En gros son auteur s'amuse à dire tout haut ce que nous pensons tout bas dans nos pires moments, et de manière caricaturale, ... sauf qu'elle ne dit pas clairement au lecteur qu'il faut le prendre comme une caricature. Elle semble penser réellement que son livre est une analyse pertinente et juste qui pourrait vraiment inciter les gens à saboter le système comme elle le propose dans son dernier chapitre.

Le pire, c'est qu'elle fait à quelques reprises semblant de ne pas y croire, semblant de savoir que son livre est à prendre au second degré; alors que partout ailleurs dans le bouquin, on voit bien qu'elle y croit réellement.

Cette espèce de fausse modestie pour clouer le bec d'avance à quiconque voudrait émettre une critique m'énerve au plus haut point, d'autant plus qu'il faut lui ajouter la médiocrité du propos proprement dit.
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Message  Kaptendonc Ven 24 Sep - 21:43

Ouais, en fait j'avais intitulé ça "littérature japonaise" parce que ça faisait fun et en même temps assez anachronique sur un site Metal, mais c'est sûr que ça peut s'élargir géographiquement et linguistiquement (et permettre de discuter de bouquins sans trop se prendre la tête) bounce
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Message  Fanny Mer 20 Oct - 19:19

j'ai terminé recement la lecture de Les Chants de Maldoror, livre qui je dois dire, à beaucoup influencé mes 'elucubrations' depuis.

j'entâme désormais Betty Monde, premier roman de l'actrice porno et réalisatrrice du film 'Baise Moi', Coralie Trinh Thi (j'espère ne pas ecorcher son nom). C'est l'histoire de Betty, chanteuse au look très gogoth d'un groupe de Metal. Au programme : sexe, drugs and rock'n'roll. Ah oui, et le satanisme en plus. Bouquin un peu cliché certe, mais aussi bien cru et ça j'aime assez. Je n'emet pas d'avis définitf pour le moment, étant donné que je n'en suis qu'au début.
affaire à suivre...
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Message  Kaptendonc Ven 29 Oct - 19:45

Je ne suis pas un grand lecteur de BD, mais quand il m'arrive de tomber sur un album de qualité (j'entends par là: originalité graphique + histoire intelligente), je ne peux m'empêcher d'en faire l'acquisition. En général mes découvertes arrivent par le biais du hasard. Par exemple j'aime bien Mike Mignola, l'auteur de "Hellboy" (récemment adapté au cinéma), et en cherchant le tome 5 j'ai trouvé quelque chose de vraiment bizarre: publiée chez le même éditeur (Delcourt), voici sans doute la BD la plus sombre et la plus "Black-Metal" que j'ai jamais vue. Elle s'intitule "LE PSYCHOPOMPE" (sous titrée "évangile de l'archidémon des hurles, le très triste et très maudit Comte Gusoyn"), et son auteur, Gabriel Delmas a sûrement dû signer un pacte avec le Diable pour pouvoir écrire et dessiner des choses tellement effroyables. Je ne plaisante pas ! Cet album fout vraiment les jetons, du début à la fin ! Construit exactement comme un cauchemar, avec des changements de lieux brutaux et de multiples modifications des perceptions visuelles, ce récit apocalyptique nous plonge directement dans un univers au-delà de l'imaginable, grouillant de personnages atroces et confinés dans un enfermement continu. Mais attention, il ne s'agit pas là d'un délire gratuit ou d'une suite d'élucubrations halucinatoires dues à un mauvais trip d'acide, pas du tout. On sent au contraire une logique et une démarche hyper-rationnelle derrière tout ça, et la construction rigoureuse d'un monde crédible, avec sa géographie, sa politique, sa hiérarchie... (Par exemple les différentes sous-divisions de l'enfer: les abîmes, les ténèbres, les tourbes, les poulpes, les trompes, les plaies, les hurles...etc, qui contiennent chacune un certain nombre d'archidémons, de démons supérieurs, de démons inférieurs, de damnés et de lémures...) Et une fois qu'on est plongé là-dedans, on n'a plus aucun repère, pas moyen même de savoir à quelle époque ça se passe, le passé, le présent et le futur se mélangent dans les entrailles sulfureuses de l'éternité.
Je vous montre 2 extraits ci-dessous (c'est assez difficile à scanner car tout est très sombre et on sent vraiment qu'il y a là un grand travail au niveau des applats de couleurs et du choix des tons (grisâtres, noirâtres, beiges sombres, verts et jaunes bilieux...) En tout cas vous constaterez qu'on est loin des histoires fantastiques à l'américaine, style Darkness ou Spawn, et cela n'a rien à voir non plus avec les Manga, même les pires qui existent...


Vos lectures... D21
(© G.Delmas)

Vos lectures... D22
(© G.Delmas)


L'auteur a récemment publié un autre album du même style, et d'après ce que j'en ai entrevu, c'est encore plus obscur, plus dense et plus pernicieux, avec des textes à la Lautréamont et des reférences à certains films fantastiques... Cela s'intitule: "Vampyr Draco Maleficus Imperator", aux éditions Carabas.

(à ne pas mettre entre toutes les mains What a Face )
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Message  Kaptendonc Ven 29 Oct - 20:53

(Pardon, celle-là j'ai dû la perdre en cours de route, c'est un peu compliqué toutes ces manoeuvres pour uploader les images mais bon, on s'y fera...)

Vos lectures... DEL3
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Message  Fanny Jeu 4 Nov - 21:02

très interessant Captain ! je vais me renseigner....

Pour ma part, en parallèle avec 'Jessie' de Stephen King et 'Phèdre' de Racine, je lis désormais 'Porno Manifesto' de la célèbre actrice de X Ovidie, l'"intello" du milieu.
pas de roman pour ado en mal de sensations fortes cette fois si (cf : 'Betty Monde' de sa consoeur Coralie Trinh Thi), les 50 premières pages s'avèrent être celles d'un bouquin qui fais réfléchir, en grande partie sur le rapport entre le féminisme et la pornographie. Une thèse claire, pertinente et interessante.
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Message  Fanny Jeu 10 Fév - 20:26

ce que j'ai lu de ebau ces derniers temps :

L'Ecume des jours de Boris Vian.

aahh..... *nostalgie *

mais aussi J'irai cracher sur vos tombes du même génie.
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Message  Fanny Sam 12 Fév - 21:54

j'ai acheté cet après midi et lu dans la foulée :

Vos lectures... Coubat


une superbe BD en noir et blanc (pas pour les enfants).

si vous avez des infos sur cette édition, ça m'interesse. je l'ai trouvé chez un bouquiniste de ma ville, et je la soupçonne d'être plutôt "collector' maintenant...
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Message  Fanny Sam 12 Fév - 21:55

(y'a pas marqué "inquisitor" normalement sur la couverture hein.. c'est la marque du site ou j'ai trouvé cette image)
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Message  jol Sam 12 Fév - 22:08

Le truc que je lis en ce moment à chaque fois que je passe aux chiottes, c'est:


http://carnetsnoirs.free.fr/


qui nous est joyeusement conseillé sur:

http://atelier78.net/risingdarkness/forums/viewtopic.php?t=21


par Gullveig (tiens tiens... je me demande bien qui peut être Gullveig smurfin ).


J'ai donc commencé à le lire, et c'est à peine plus qu'un (gros) catalogue de référence (ou souhaité comme tel en tout cas) classé par style, avec quelques commentaires ressemblant parfois à des micro-chroniques. En fait c'est pile poil ce qui me fallait pour découvir le monde Goth/indus/assimilés, car je n'aurais jamais eu la patience d'arpenter le web pendant des années comme je l'ai fait pour le metal...

Tiens, d'ailleurs, si quelqu'un a une idée de livre sur les musiques progressives à nous conseiller...


Merci donc à Gullveig Mr. Green .
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Message  Fanny Sam 12 Fév - 22:14

hihihihi alien

ravie que ça t'ai plu en tout cas, je pensais pas que tu cherchais à te pencher sur ce style.
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Message  Fanny Dim 13 Fév - 15:42

J'ai terminé ce matin Electre de Gireaudoux.

très bonne pièce.
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Message  Kaptendonc Mer 16 Fév - 10:43

J'ai lu ça:
Vos lectures... Bb3jh

16 nouvelles crues et dérangeantes qui vous plongent le nez dans les relents des bas-quartiers de New-York...
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Message  Kaptendonc Jeu 24 Fév - 16:32

Vos lectures... Marcu1rb

Greil Marcus: “Lipstick traces” (une histoire secrète du 20ème siècle)

Depuis le temps que j’entendais parler de ce bouquin, je me suis enfin décidé à investir une dizaine d’euros dans sa version pocket de chez Folio, et je ne suis pas près de le regretter. Greil Marcus est un genre d’historien de la musique particulièrement pointilleux et asez fou pour aller explorer des territoires peu fréquentés et faire des parallèles que personne n’oserait, en tout cas il a réussi une analyse d’un style musical (en l’occurence le Punk-Rock apparu en Angleterre au milieu des années 70) avec un regard neuf et distant, c’est à dire qu’au lieu d’examiner à la loupe les groupes de cette époque-là, il a pris un téléscope géant et a observé toute la planète en traversant les années lumières en marche-arrière pour bien replacer chacun des éléments dans leur contexte historique, économique, social et culturel, et nous rappeler par là-même que les musiciens de Rock ne jouent pas isolés dans des éprouvettes de laboratoires et que la terre tourne sept fois par semaine. Mais je laisse l’auteur s’expliquer lui-même:

Il y a une alchimie au travail. Un héritage non reconnu de désir, de ressentiment et de crainte a été réduit, mélangé, pour offrir un simple discours en acte qui, pour certains, renverserait ce qu’ils tenaient pour accordé, ce qu’ils pensaient vouloir, ce sur quoi ils avaient décidé de s’établir. C’était, c’est devenu, une histoire tordue.
Ce livre a pour propos un fait simple et tortueux: fin 1976 sortit à Londres un disque intitulé “Anarchy in the UK” et cet événement provoqua une transformation du milieu pop dans le monde entier. Jouée par un groupe de rock’n’roll de quatre hommes, appelé les Sex Pistols, et écrite par le chanteur Johnny Rotten, la chanson distilla, dans une forme grossièrement poétique, une critique de la société moderne entreprise une fois déjà par un petit groupe d’intellectuels basé à Paris. Organisé d’abord, en 1952, sous le nom d’Internationale lettriste et refondé, en 1957, lors d’une conférence d’artistes européens d’avant-garde sous le nom d’Internationale situationniste, le groupe gagna sa plus grande notoriété durant la révolution française de Mai 68, quand les prémisses de sa critique furent distillées dans des slogans grossièrement poétiques et bombées sur les murs de Paris, après quoi la critique fut abandonnée à l’histoire et le groupe disparut. Le groupe s’inspirait des surréalistes des années vingt, des dadaïstes qui se firent un nom durant et juste après la Première Guerre mondiale, du jeune Karl Marx, de Saint-Just, de divers héritiers médiévaux et des Chevaliers de la Table Ronde.
Ma conviction est que de telles circonstances sont dès le départ bizarres. Pour qu’une critique gnomique, gnostique, rêvée par une poignée de prophètes de cafés de la Rive Gauche, réapparaisse un quart de siècle plus tard, pour rentrer dans le hit-parade, et revienne ensuite à la vie comme un ensemble complet de nouvelles revendications culturelles - c’est presque transcendentalement bizarre.


Les rapprochement qu’il fait entre l’idéologie Punk et les situationnistes, dadaïstes, surréalistes et autres poètes illuminés ne se limite pas ces seuls groupements révolutionnaires, car on retrouve aussi tout au long des pages, les noms de Bob Dylan, Eugène Delacroix, Anton Tchekov, John Lennon, Andy Warhol, Socrate, Brigitte Bardot, Hitler, John Ford, Jimi Hendrix, Sigmund Freud, Mao Tsé-Toung, Simone de Beauvoir, John Cage, Daniel Cohn-Bendit, Descartes, Led Zeppelin, James Joyce, Jack l’Eventreur, les Ramones, Edgar Poe, The Who, le Dalaï-Lama, Emile Zola, Elvis Presley, Nostradamus, Pink Floyd, Spinoza, Lewis Caroll, Alice Coper... et pas mal d’autres dont on sera surpris de la présence ici. De toute manière il n’est pas nécessaire d’écouter ce style de musique en particulier pour apprécier la richesse et la densité du travail de Greil Marcus, et on peut même se demander si d’autres styles musicaux qui nous sont plus familiers pourront un jour bénéficier d’une étude aussi originale. Je verrais bien une histoire du Black Metal qui remonterait jusqu’aux sorcières du Moyen-âge et chercherait son essence dans d’obscures cérémonies druidiques accompagnées de sacrifices d’animaux et autres réjouissances païennes dont le chanteur de Gorgoroth doit rêver toutes les nuits dans l’obscurité glauque de sa prison.

study(puisqu'on m'a mis le grade "élève, il faut bien que je m'instruise...)
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Message  obscure Jeu 3 Mar - 22:16

Je viens de finir "Elegie pour un vampire" (vraiment trés bien, j'ai bcp appréciée)
Je vais entammer "Le mystère de la chambre jaune".

obscure
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Message  Kaptendonc Jeu 5 Mai - 18:26

study

IKEBUKURO WEST GATE PARK
par Ishida Ira

(Editions Picquier 2005)

Vos lectures... Ikebu0if

J’avais débuté la rubrique par un roman japonais, en voici un autre, beaucoup moins triste et nettement plus facile à lire, car il est rédigé dans un style sec et cru, proche du langage parlé, en l’occurence celui des bandes d’ados qui zonent dans ce quartier de Tokyo particulièrement chaud, où les bars à karaoké voisinent avec les Love Hotels, et les boutiques de vidéo-games avec les salons de massages (l’anal-fuck coûte 25000 yens), et où les yakouzes font la loi et règnent en maîtres absolus. On se trouve donc immergé dans un Japon moderne, brutal et décadent, bien plus proche de l’univers du manga et des films de Takeshi Kitano que des romans traditionnels genre Kawabata, et on ne sera donc pas surpris d’y lire fréquemment les mots Mac Donalds ou Virgin Megastore, ni d’y voir des marques de fringues étrangères citées à toutes les pages. Je suis quand même un peu étonné du fait que ce livre ait obtenu le Grand Prix de littérature policière au Japon, car on ne peut pas dire que l’intrigue soit franchement machiavélique, ni qu’un suspense palpitant nous tienne en haleine jusqu’à la 318ème page. Il s’agit en fait davantage d’une suite de petites enquètes plus ou moins héroïques menées par un trouble-shooter (un démèleur d’embrouilles) qui intervient dans les bastons entre bandes rivales (les G-Boys contre les Red Wings) ou cherche à découvrir l’auteur d’un kidnaping et d’une série de viols, ou à démanteler un traffic d’amphètes, avec généralement l’assistance de quelques potes assez pittoresques (ils ont des surnoms comme Radio, Heavy-E, Le Singe, ou Tueur de doberman), et accessoirement il se tape une nana qui va finir par lui briser le coeur. Bref, c’est quand même assez léger (j’imagine que ce sera bientôt adapté au cinéma et alors les effets spéciaux serviront à masquer la maigreur du scénario), mais on peut lire ça davantage d’un point de vue disons ethno-géographique, puisqu’on découvre avec précision une atmosphère bien caractéristique du Tokyo contemporain, et par ailleurs le décor du quartier d’Ikebukuro nous devient familier assez rapidement, au point qu’on peut aller y passer ses prochaines vacances sans avoir à redouter trop de mauvaises surprises.
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Message  Kaptendonc Jeu 24 Nov - 23:18

“SUR LE ROCK”
par François Gorin

Ed. de l’Olivier 1998

Vos lectures... Gor4jg

“... Car le rock parle de gens et d’anecdotes, mais aussi d’un âge par lequel tout le monde passe et où les séjours se prolongent: l’adolescence. Car le rock parle de sexe et de religion, du désir et du manque de l’un comme de l’autre, et, au-delà, de l’insatisfaction qui travaille le corps et l’esprit - et dont ce livre n’est, au fond, qu’un écho de plus.”

Raconter l’histoire du Rock en même temps que sa propre vie, c’est ce qu’à tenté de faire le journaliste François Gorin (Rock & Folk, Le Matin de Paris, L’Evénement, Les Inrockuptibles, Télérama) dans ce livre au contenu dense et quelque peu embrouillé. C’était peut-être une bonne idée de ne pas respecter un ordre chronologique, mais le lecteur à de quoi perdre son chemin et ses repères dans ce labyrinthe aux contours extrèmement flous. L’ouvrage est structuré selon un certain nombre de thèmes assez sérieux, pour ne pas dire psychologiques (l’éveil, la parole, le repli, la faute, l’exil, la renaissance...etc), mais il prend malgré tout l’aspect d’un vaste collage d’articles récupérés dans les archives de différents magazines, reliés entre eux par un fil directeur autobiographique, et dans lesquels sont fourrés pèle-mêle toutes sorte de noms de groupes, d’albums, de concerts, de festivals et de dates marquantes. On passe donc allègrement de 1964 à 1989, de Hank Williams à Patti Smith, de Pink Floyd à Roxy Music, de David Bowie à Jaques Brel, de Kraftwerk aux Everly Brothers, de REM à Neil Young, ou de Costello à Jean-Luc Godard. Tout cela écrit à la 3ème personne du singulier avec un “on” impersonnel auquel il est assez difficile de s’identifier, surtout si on n’a pas emprunté les mêmes routes. Sa manière d’aborder le Hard-Rock est en cela plutôt singulière (selon lui “c’est le rock-régressif”), et Led Zeppelin, Deep Purple ou AC/DC, sont décrits comme des mongoliens hystériques et chevelus. Apparemment Gorin était plus attiré par des groupes comme Television, Talking Heads, The Cure, The Smiths, U2, et semble avoir traversé les eighties immergé jusqu'au cou dans la Cold-Wave, même s’il ne manque pas de faire surface pour parler du Reggae, du Blues, de la Country, de la Soul, du Folk, du Rap et du Classique, ou mettre la musique de l’époque en parallèle avec le cinéma, la presse, la mode, les radios... et parfois on a bien du mal à voir où il veut en venir. Cela dit, l’ensemble est rédigé dans un style plus littéraire que journalistique, et on y trouve d’assez belles phrases: “Certains disques ont des marques autres que leur label: celles que laisse une fille qui traverse notre vie en même temps qu’eux. On a beau l’écouter, encore, après coup, comme pour l’en détacher, la gomme qui voudrait effacer le dessin ne fait que brouiller les couleurs dans le même contour qui persiste.” Evidemment n’importe qui né au-delà des années soixante peut prétendre avoir eu une vie “Rock” (à moins d’être moine dans un monastère), et chacun porte en lui sa propre collection d’anecdotes et de souvenirs: des chambres tapissées de posters, des après-midis entiers à fouiller chez le disquaire, des galères de bagnole pour se rendre à un concert pourri... etc. Mais qu’y a-t’il d’original à raconter tout ça bout à bout ? Peut-être aurait-il mieux valu se focaliser sur un style particulier ou autour d’un musicien bien précis, plutôt que de se disperser ainsi à travers trois décénies de Rock, au risque de survoler celles-ci d’une manière trop superficielle. D’ailleurs pas mal de groupes importants sont carrément ignorés (The Doors, Grateful Dead, MC5, Lynnyrd Skynnyrd, Pretty Things, Hawkwind, Jethro Thull, King Crimson, Free, Santana...), alors qu’au contraire il insiste sur des artistes mineurs que l’Histoire n’a pas retenu (Gary Valentine, The Feelies, Edwyn Collins, Stuart Moxham, The Nits, Billy Bragg, Maria Mc Kee...). Le livre a été écrit en 1993 et sonne déjà vieillot (tout cela se passait bien sûr avant l’avénement d’Internet, les sites web et tout ce qui s’en suit...), mais l’auteur s’est néammoins senti obligé d’y ajouter deux chapitres pour “l’actualiser”, comme s’il était indispensable de parler in extremis de Nirvana et de Radiohead pour que la chose soit entièrement crédible. Dans les dernières pages, il prend carrément un ton amer pour déplorer une “fin du Rock” qui arrive comme une fatalité prévisible ou une agonie interminable qui le condamne aux soins palliatifs: “Quand sonne un rock poli, civilisé, citant, tel un employé de maison, ses références, on ne le reconnaït pas. Qu’il prenne les traits d’un représentant de commerce essuyant ses pieds au paillasson, c’est le meilleur moyen de se faire claquer la porte au nez. Dans les bréviaires d’aujourd’hui, le rock est une affaire de patrimoine et d’adjectifs plus ou moins bien troussés; d’encyclopédie ou de publicité. De catalogue, non plus d’urgence. (...) Le rock s’est vautré jusqu’au son primitif des cavernes, il a buté dès les sixties sur les préciosités du baroque. Il a rythmé l’AVANT de toute musique classée: avant la cour et la chapelle, avant la chambre et l’opéra. Il a réinventé odes et ballades, chansons de geste et roman courtois. Il a électrisé cette régression formidable et tout brûlé sur son passage, en ne laissant derrière lui que la cendre enveloppée sous cellophane des disques et des souvenirs. En se condamnant à renaître avec nos désirs et nos envies, par la seule opération de l’esprit. Pour le reste, il s’entretient, se répète et s’incarne encore par la grâce aléatoire de ceux qui ont la chance de n’avoir pas compris; pas compris que c’était fini. Pourvu que cela dure...” Voilà, vous pouvez trouver ce bouquin à bas prix chez un libraire d’occase, mais sa lecture ne va pas forcément vous tenir éveillé une nuit entière.

What the fuck ?!?
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Message  Kaptendonc Sam 18 Fév - 21:58

“31 SONGS”
par Nick Hornby

(Ed. 10/18 domaine étranger)

Vos lectures... 310fm

Voilà un truc auquel j’ai souvent pensé: au lieu de faire des chroniques d’albums entiers, ne faire que des chroniques de certains morceaux pris à part, sachant qu'au moins 90% des albums ne valent le coup d’être achetés qu’à cause d’un ou deux titres, qui ne sont pas forcément les “singles” que le label a décidé de retenir, mais souvent l’un ou l’autre qu’on aime pour des raisons qui nous sont propres. C’est en tout cas ce que Nick Hornby s’est aventuré à faire dans ce recueil, avec beaucoup de pertinence et de détachement: ce n’est pas un rock-critic qui fait son boulot ici, mais un écrivain amateur de Rock qui s’exprime avec la plus grande sincérité, et dont les idées et les exigences en matière de bonne musique ont déjà été mis en évidence dans son roman “High Fidelity” (adapté au cinéma par Stephen Frears), et l’on retrouve ici avec joie le même genre de maniaquerie musicale que celle de son héros disquaire Rob Fleming qui passait la moité de son temps à faire ses propres compilations sur des cassettes en rapport avec diverses circonstances de la vie, deuil, séparation...etc. Pourquoi retenir telle ou telle chanson tandis que d’autres nous paraissent quelconque, et pourquoi il y en a qui restent ancrées dans nos mémoires semble-t-il pour l’éternité, alors que les autres sont bonnes à disparaître sans tarder dans le plus sombre des vide-ordures, là est la question. Nick Hornby a ainsi décortiqué trente-et-une chansons issues de sa discothèque personnelle pour démontrer leur intérêt artistique ainsi que leur pérénité par rapport à la soupe populaire musicale ambiante, et ses arguments sont la plupart du temps indestructibles. Evidemment il n’y a pas grand chose de “Metal” dans sa sélection, le morceau le plus hard étant “Heartbreaker” de Led Zeppelin, mais son écriture est suffisemment convainquante pour qu’on arrive sans efforts à s’intéresser à des morceaux de Bruce Springsteen, Paul Westerberg, Ian Dury, Suicide, Carlos Santana, Jackson Browne, Rod Stewart, Van Morrison, Soulwax ou même NellyFurtado. Son talent d’écrivain acide et pointilleux est sans conteste ce qui lui tient lieu de meilleur atout pour nous passionner avec ses choix musicaux arbitraires, et c’est souvent à l’aide de beaucoup d’humour, de digressions ironiques et d’autocritique désinvolte qu’il parvient à ses fins. “Tout comme à 14 ans je me méfiais de toute mélodie qui n’arrivait pas habillée d’un riff de heavy-metal, à 21 ans j’étais incapable de voir la moindre différence entre du soft-rock qui exprimait une douleur et du soft-rock qui traduisait l’autosatisfaction d’un fumeur de pétards content de lui, de sa femme, de son chien et de l’avance de sa maison de disques.” Le genre de confessions grinçantes auxquelles on reste difficilement de glace, d’autant plus qu’on y entrevoit l’ombre de la fameuse fatalité qui voudrait que nos motivations s’assagissent avec l’âge, et qu’ainsi par exemple après être passé du Brutal-Death au Stoner-Doom puis au Post-Rock on finit par devenir un amateur de Folk ou de Prog planant. L’auteur traversant ici la crise de la quarantaine, on est en droit de s’inquiéter de ce qui nous attend, mais en même temps on comprends que l’ouverture d’esprit nécessaire à appréhender un style musical qui nous est généralement inconnu s’accentue avec le temps. “Ce livre n’est pas fondé sur le fait que vous et moi partagions l’aptitude d’entendre exactement les mêmes choses; en d’autre termes, ce n’est pas de la critique musicale. Tout ce que j’espère ici, c’est que vous ayez des équivalents, que vous consacriez beaucoup de temps à écouter de la musique et que vous laissiez bercer votre imagination.” Voilà qui résume assez clairement son mode de pensée, entièrement tourné vers la tolérance et la découverte, sans pour autant céder à la facilité de tout accepter, surtout pas l’aplanissement général du goût et la réduction de certains groupes à des Best Of mous et vendables par palettes. C’est aussi avant tout le vécu de chacun qui est titillé par rapport à l’affection qu’on peut porter à tel ou tel morceau de musique, étant donné que la plupart du temps il nous arrive entre les oreilles dans des circonstances bien particulières qui, même si à première vue elles ne nous semblent pas cruciales, vont avec du recul devenir intrinsèquement liées à la musique en question. Ce que généralement les chroniqueurs professionnels ne sont pas aptes à ressentir, et pour cause: “Comme la plupart d’entre eux reçoivent leur CD par la poste, des CD qu’ils écoutent chez eux, sur leur chaîne, avant d’expédier leur critique par mail, ils n’encourent même pas le risque de se faire renverser par un bus.” Un peu de cynisme qui ne fait pas de mal et rend ce bouquin vraiment agréable à lire.
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Message  maarnaden Dim 19 Fév - 12:30

excellent ! j'avais beaucoup aimé "High Fidelity" (le bouquin, je n'ai pas encore vu le film) et je sens que je vais rapidement me mettre à ce "31 Songs" !
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Message  Kaptendonc Sam 23 Sep - 20:40

“WELL”
par Matthew McIntosh

Ed. Points romans N°P1520

Vos lectures... Mcintoshfv2

Voici ce qu’on peut lire sur la quatrième de couverture: Dans la banlieue délabrée de Seattle, dix ans après la mort de Kurt Cobain. Barman alcoolique, boxeur sur le retour, fille-mère et jeune asocial racontent des bribes de leur quotidien chaotique. Entre espoirs et désillutions, WELL décrit les tourments de l’Amérique moyenne. Un tour de force magistral. Rien à ajouter, si ce n’est qu’il n’y a pas grand chose à voir avec Kurt Cobain dans tout ça, encore une fois son nom sert librement d’accroche publicitaire, mais bon... les éditeurs feraient n’importe quoi pour vendre leur came, ce n’est pas nouveau. Cela dit, le bouquin est plutôt bien foutu, quoique pas mal déprimant. A travers ces “voix” qui surgissent pêle-mêle au fil des chapitres, on a l’impression de reconnaître des personnages réels, on ne peut douter qu’ils existent pour de vrai, tellement ils nous sont proches, d’une certaine manière. Le plus saisissant est sans doute cet adolescent solitaire et compulsif qui ne s’intéresse qu’à ses poissons rouges et envisage de se lancer dans des études de pisciculture, alors que son père est parti sans donner d'adresse depuis des années et que sa mère sombre dans la démence. On pense souvent à "Requiem for a dream" d'Hubert Selby Jr. qui d'ailleurs cautionne le bouquin, en fait c'est le même univers, desespérés, cas sociaux, faits divers, rapports de crises, on se situe toujours à un degré de lecture très direct, basique, mais on perçoit une méchante dose d’émotion en plus, et sans doute est-ce là ce qui fait l’attrait de ce livre. Idéal à lire dans les transports en commun.

study study study
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Message  Kaptendonc Dim 26 Nov - 21:38

GRANDE JONCTION
par Maurice G. DANTEC
Ed. Albin Michel 2006, 775 pages
Style: Cyber-Thriller Métaphysique

Vos lectures... Gjup7

- L’Antéchrist n’a pas attendu la chute du Vatican pour venir parmis nous, monsieur Alpini, cela fait un moment qu’il travaille dans le coin. (GJ P.592)

Je n’ai pas pour habitude d’acheter des bouquins qui, pour des raisons de format et de poids, occasionnent des efforts musculaires immodérés si on veut les lire en étant allongé sur le dos, ou qui nécéssitent l’usage d’une besace pour en apprécier la lecture en plein-air les jours fériés, ou au boulot à l’heure de la pause. Cependant, j’ai dû faire une exception pour ce parpaing noir à tranche dorée, car après en avoir lu la première page dans une librairie, j’ai foncé à la caisse avec la viscérale impatience de quelqu’un qui ne désire pas un emballage-cadeau. En effet, cette histoire qui débute par un riff de guitare minutieusement décrit se déroule dans un endroit qui s’appelle Heavy Metal Valley, bravo pour le nom, mais il y a aussi l’ambiance qui va avec: parc à buldozers, murs de carcasses de bagnoles, tempêtes de sable ravageuses, sherif sans pitié régnant sur une poignée d’humanoïdes à moitié mutants qui guettent au fond de leurs mobile-homes déglingués l’arrivée imminente de rien moins que la quatrième bête de l’Apocalypse, les trois premières ayant déjà correctement démoli toute la planète.

Contrairement à certains auteurs de SF barbus et barbants qui sont partis tellement loin dans leur trip que c’est à peine s’ils envisagent encore de nous informer un minimum sur ce qui se passe, chez Dantec au contraire, tout est parfaitement clair, expliqué à la loupe et admirablement décrit. Exemple : “Le soleil aurait pu carboniser toutes les rétines de l’humanité planétaire, tant il frappait avec éclat chaque objet à sa portée, même les ombres semblaient pleines d’une lumière sauvage.” Le genre de phrase qui ne laisse pas planer le moindre doute sur la situation. Ailleurs il est question d’un ciel “couleur camouflage”, de toute évidence on est en présence d’un auteur qui sait trouver les mots exacts pour être en permanence ultra-précis. Dès le départ on voit le décor comme une très belle maquette puis brusquement on se retrouve dedans, on sent la végétation bouger sous les assauts du vent torride, on est là-bas au milieu des protagonistes, on les accompagne partout à bord de leurs rares moyens de locomotion encore en état de fonctionner, dans un perpétuel désastre climatique et à travers des cités dévastées où tout est menaçant.

Youri Mc Coy, Chrysler Campbell, Pluto Saint-Clair, Judith Sévigny, et Balthazar le chien bionique, rien que les noms des personnages les rendent sympathiques à nos yeux, quant au jeune “héros” Gabriel Link De Nova, dont le principal passe-temps est de rejouer à la gratte électrique des classiques du rock qu’il a téléchargé en rêve dans un hangar, il est carrément bluffant avec sa mystérieuse capacité à rallumer des ampoules mortes ou refaire marcher une vieille platine aux circuits grillés avec bien calé dessus un vieux disque de Led Zep en prime, et plus tard c’est en jouant un riff de Steppenwolf qu’il ressuscitera un vieux Hell’s Angels qui s’est retrouvé réduit à l’état de modem. Je n’ai peut-être pas encore insisté sur le fait qu’il y a en permanence des allusions à la musique, déjà tous les chapitres portent un titre d’album ou un nom de groupe de Rock (à vous de les reconnaître), et la plupart des noms de lieux y font allusion également (Midnight Oil, Grand Funk Railroad, Ultrabox, Toy Division...) et puis on a droit, dès le deuxième tiers du livre, à une véritable dissertation sur le Rock en tant que source d’énergie et arme défensive absolue, le tout énnoncé avec le même sérieux que pour les explications théologiques hautement poussées qui précèdent ou les éléments de botanique pure qui poursuivent, enfin bref sans qu’on s’en rende compte on a grimpé d’un bon degré au niveau des méninges, ce qui ne veut pas dire pour autant que ça végète du côté de l’action. Au contraire, l’histoire prend brusquement une tournure de western extrème: non il n’y a pas ici une diligence attaquée par des indiens, mais un camion blindé transportant une bibliothèque d’ouvrages scolastiques médiévaux et des moines-soldats du Vatican attaquée par des pillards néo-islamistes montés sur des dromadaires et accompagnés de pittbulls meurtriers, ce qui donne droit à d’incroyables et terribles scènes de bataille nocturne où les balles sifflent et tuent à toutes les pages.

Ensuite la sitution ne fait qu’empirer, le suspense augmenter, l’action rebondir, mais je ne vais tout de même pas vous raconter toute l’histoire, et même si je le faisais, ce ne serait que révéler un infime pourcentage de tout ce que renferme ce roman comme richesses en tout genre et sujet de réflexion divers. Au détour d’une page, vous pouvez très bien tomber sur des phrases comme: “Vue de la Métamachine, la dévolution électrique et neuronale était un phénomène corrélatif à l’unité ontologique du flux qui traverse machines et cerveaux. Il fallait concevoir l’Electricité comme le réseau divin du Monde Crée.” Autant dire qu’en ce qui concerne le thème éternel de la bonne vieille lutte entre les forces du Mal et du Bien, on se situe ici quelques crans au dessus de Star Wars et Harry Potter, si vous voyez ce que je veux dire. Eclairé par la philosophie de Duns Scot, ce méga-roman néammoins très Rock, pour ne pas dire Métallique (“Le bruit de l’acier crissant contre la roche, la symphonie des tôles fracassées, du Plexiglas explosant sous l’impact et du hurlement des pneumatiques, le chant majestueux des collisions à haute vitesse, la rythmique à percussion centrale des coups de feu, la poudre, l’acier, les étincelles. La mort en armure blindée.”), prend vers la fin comme un méchant ton biblique, pour s’achever dans une méga-bataille époustoufflante dont il restera qu’un survivant. Jusqu’à la dernière page, c’est un immense bonheur de lecture qui nous est accordé, on peut même regretter que le bouquin ne soit pas encore plus long. Alors avant qu’on ne vous offre n’importe quoi pour Noël, vous pouvez sans la moindre hésitation prévenir ceux qui n’ont pas d’idées de cadeau que “Grande Jonction” fera parfaitement l’affaire, éventuellement accompagné d’une besace de bonne qualité pour le véhiculer partout où vous irez, croyez-moi ça vaut le coup.

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Message  Kaptendonc Sam 11 Aoû - 13:41

“Ecrits fantômes”
par David Mitchell

col. Points Roman n° P1315

Vos lectures... Mitch1ll6


“Cartographie des nuages”
par David Mitchell

Editions de l’Olivier 2007

Vos lectures... Mitch2ji4


Z’avez rien à lire sur la plage ? C’est pas grave, David Mitchell a pensé à vous. Si vous êtes du genre fauché, son premier roman est disponible en version poche pour le prix de deux cornets de glace, c’est le moment de vous serrer la ceinture les gars parce que ça vaut vraiment le coup. Et les plus ascétiques (disons trois pizzas marinara en moins dans la semaine) pourront même se payer son deuxième roman, sorti récemment, en version 666 pages (il a triché, les 3 dernières sont blanches) qui vous scotchera au sable encore plus solidement que le premier. Je ne vais pas chroniquer l’un et l’autre dans les détails, mais simplement essayer de vous faire partager mon habituel coup de coeur pour un auteur qui (et vous aurez du mal à prétendre le contraire) fait parie de ceux qui sortent du lot. Aucune comparaison à faire avec qui ou quoi que ce soit dans la littérature actuelle et passée. Ses bouquins font comme partie d’une nouvelle espèce tombée d’une autre planète. Romans kaleidoscopes, romans-pièges, romans à tiroirs et à chaussse-trappes, on en ressort si ce n’est illuminés, au moins éblouis et euphoriques.

En fait la grande trouvaille du gars Mitchell, c’est la multiplicité des points de vue : Il y a d’abord une histoire, on la lit et puis subitement elle s’arrête. Et voilà qu’une autre histoire commence, apparemment sans aucun rapport, et puis curieusement on croise furtivement un personnage (réduit au rang de figurant) qui occupait le rôle principal dans la précédente, ou bien il y a brusquement une allusion à quelque chose qui s’y passait, presque au second plan. Dans la troisième histoire on retrouve un personnage de la deuxième, assez présent pour nous mettre la puce à l’oreille, dans la cinquième un de la quatrième et ainsi de suite. Le héros de la sixième se fait renverser par une voiture, dont la conductrice sera l’héroïne de l’avant-dernière histoire. Ou alors c’est le texte lui-même de la première histoire qui devient un manuscrit embarqué dans la valise d’un personnage de la troisième, etc... Et quand je parle d’”histoires”, c’en sont vraiment, avec des vrais héros auxquels on s’attache dès la première ligne et des atmosphères dans lesquelles on est immergé jusqu’à la racine des cheveux. Que ce soit sur le mode thriller ou science-fictionnesque, récit de voyage ou comédie dramatique, rapport scientifique ou chronique journalistique, tous les genres sont abordés avec autant d’adresse, et de même la diversité des lieux est étonnante, car cela se passe tour à tour au Japon, en Chine, en Mongolie, aux Etats-Unis, en Océanie, en Angleterre, à des époques souvent éloignées de plusieurs siècles, et je ne parle pas des épisodes où l’on se retrouve dans un futur où les points de repères sont difficiles à retrouver, pourtant à aucun moment on n’a envie de décrocher de la lecture, et encore moins de zapper un épisode. Tout à l’air mystérieux et nous invite à en apprendre davantage, et au final on a l'impression d'en sortir plus intelligent. N’est-ce pas justement ce qui fait l’attrait des “grands” Livres ?

Quoiqu’il en soit on ne peut qu’ être subjugués par un tel talent d’écriture qui fait naître des images immédiates avec un minimum de mots, et à bien des moments le style me fait penser à Nabokov pour le soin du détail dans les descriptions, mais avec en plus une audace rarement égalée au niveau formel (dans “cartographie des nuages”, le premier récit s’interrompt au milieu d’une phrase à la page 56 pour brusquement se poursuivre à la page 613, tandis qu’entre-temps il s’est passé assez de choses sur d’autres trames narratives pour que votre mémoire éprouve quelque difficultés à passer le cap de l’entrelacement des ficelles adéquates, mais à la limite je dirais tant mieux, car contrairement à tant de romans trop faciles et tellement téléphonés qu’on se demande s’ils n’ont pas été écrits par des chimpanzés décérébrés ou par les pires ordinateurs de la première génération, ou les deux à la fois, ceux de David Mitchell au contraire dégagent authentiquement cette joie de la surprise, où l’on ne sait absolument jamais où l’on va finir par aboutir ni avec qui et comment, et encore moins pourquoi, et le tout soutenu par une syntaxe des plus pointues pour assurer un plaisir de lecture qui n’a d’équivalent que la grosse claque qui l’accompagne. Bref, seule une super-invasion de crustacés géants et papieriphages risque de vous faire lâcher prise et battre en retraite loin de la plage où vous aviez calé les deux bouquins avec des coquillages anguleux.

NB: J’ai oublié de préciser qu’Il y est aussi beaucoup question de musique.
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Message  Kaptendonc Dim 11 Nov - 21:31

“L’AIGLE ET L’ANGE”
par Juli Zeh

Col. 10-18
domaine étranger

Vos lectures... Zehoy4

Il y a des livres qui, dès les premières pages, vous font entrer dans un univers qui se referme sur vous. Il n’est plus possible d’en sortir avant la fin. Vous êtes coincés dans une sorte de corridor infini avec des portes qui s’ouvrent de chaque côté, débouchant sur des chambres vides ou des cuisines dévastées, des ruines contemporaines où la vie est absente ou malsaine. La romancière allemande Juli Zeh, qui a obtenu le German Booker Prize avec ce livre traduit en quinze langues, sait comment plonger le lecteur dans la débâcle d’une Europe sans illusions ni futur. Entre sombres magouilles de la nouvelle mafia made in pays de l’Est et petits traffics de drogue virant au cauchemar de films à la “Hostel” (en moins gore quand même), une angoisse latente vous colle aux neurones au fur et à mesure que vous avancez à tâtons dans ce roman crépusculaire écrit avec beaucoup de classe, j’entends par là un style digne de ce nom, où aucun mot n’a été choisi au hasard, surtout dans les descriptions de paysages où s’instaure une véritable poésie nihiliste (par exemple la lune est comparée à une rognure d’ongle, le ciel à un écran de PC), ce qui renforce sans arrêt la persistence d’un climat opressant et crasseux (la ville de Vienne perd ici tout son romantisme et ressemble à une banlieue de Los Angeles ou de Bogota), sans parler de la forte consistance des personnages, si hyperréalistement minables qu’ils en sont antipathiques au début mais qu’on les prends en pitié vers la fin, même le chien (qui s’appelle Jacques Chirac, un nom qui lui va trop bien) ne mérite pas un sort aussi funeste. Mais j’en ai déjà trop dit... Si vous avez huit euros cinquante sur vous, allez donc fouiner à la librairie, rayon auteurs étrangers, lettre Z.
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