REPUBLIC OF LOOSE

REPUBLIC OF LOOSE
“This Is The Tomb Of The Juice”
Big Cat Records 2004
Style: "sinuous conflation of styles"



Quelque part, en plein milieu de l’été, c’était les soldes, des CD à 1,99 Euro, évidemment rien que de la merde, les trucs horribles que même à ce prix-là on les veut pas, on préfère acheter un melon, mais moi quand même j’ai tenté le coup avec ça: le nom du groupe m’a plu, et à la vue de la pochette je pensais qu’il y avait des chances que ce soit une espèce rare de stoner mexicain, ou au pire un machin Punk un peu survolté, il arrive parfois qu’on se plante avec ce genre d’estimation, et en l’occurence dans les grandes largeurs. Pourtant ça a été une très bonne surprise, puisque REPUBLIC OF LOOSE s’avére être un sacré truc inclassable qui pourrait se définir comme la bande-son de la canicule, soit un subtil cocktail de Funk, de Soul, de Blues, de Rock Sudiste, de Gospel, de Jazz-Rock, de Metal Fusion, de West-Coast, et de que sais-je encore, comme si vous aviez rempli le shaker du bar avec le meilleur de Doctor John, Fun Lovin Criminals, Suicidal Tendencies, ZZ Top, Faith No More, George Benson, Little Feat, Frank Zappa, BB King, James Brown, Steely Dan, Sly and the Family Stone, Boo-Ya Tribe, Allman Brothers Band... etc, avant d’ajouter un quintal de glace pilée puis de secouer pendant une plombe. Un vraie baffe à effet prolongé qui vous agite les neurônes dans le bon sens, et qui paradoxalement peut accompagner de torrides après-midis paresseux. Après m’être un peu renseigné sur le site du groupe, j’ai appris que les mecs sont irlandais, rescapés d’un groupe de Blues-Rock intitulé Johnny Pyro and The Rock Coma, le dénommé Pyro étant un chanteur plutôt extraordinaire, avec une dégaine de serial-killer, les tripes à fleur de peau, et un sacré sens de l’harmonie auquel s’ajoute un goût pronnoncé pour les lyrics sans concession (“Girl I’m Gonna Fuck You Up” “Tell More Lies”, “Dial Jesus For Sweetness”), et les instrumentistes qui l’accompagnent sont tous possédés par je ne sais quel démon de la musique qui leur a inculqué l’art de ne pas en faire trop, soit juste ce qu’il faut de basse et de gratte, de caisse-claire et de cymbales, et par ci par là des goutelettes de piano qui viennent rafraichir l’ensemble en permanence. A bien des moments cela me rappelle un peu l’album “L.A. Woman” des Doors, dans la manière d’utiliser des rythmes blues pour en faire quelque chose de neuf (et c’est particulièrement réussi sur des morceaux comme “Slow Down” “Sweet Cola Of Mercy”, “Black Bread” ou “Lawn Child”), et en plus de ça il s’en dégage le même genre d’atmosphère poisseuse et alcoolisée à la Jim Morrison des mauvais jours. Donc, si vous avez l’occasion de tomber sur cette galette, c’est le moment d’oublier l’existence du Doom.