[M-E 001] Linda Perry > In flight

Qui se souvient du méga tube de la FM des années 90's "What's up", issu de l'unique album des 4 non blondes (quel nom de groupe débile!)? Autant l'intérêt musical de ce groupe ne risque pas de mettre tout le monde d'accord (euphémisme), autant la carrière solo entamée quelques années plus tard par la chanteuse du groupe a une toute autre gueule, malgré un succès bien plus confidentiel.

Pas metal du tout (à part peut-être le morceau "Carry on" sur son deuxième album "After hours" - rien à voir avec Angra), mais très fréquentable quand même... voici une chronique (pas forcément définitive) de son très sombre et quasi progressif premier album: In flight.

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Artiste: Linda Perry (USA)
Album: In flight, 1996
Style: pop rock sombre de premier choix
Note proposée: 6/6


Ce premier album solo marque le passage à l'âge adulte dans la création artistique de LP. L'unique album des 4 non blondes, ce groupe "à grosses ficelles commerciales" certes remarquable dans le style mais limité à ce style, est maintenant bien loin. Et maintenant, sans doute pour bien rompre avec des habitudes euh... disons... pas purement artistiques, LP semble prendre délibérément le contrepied de l'époque 4NB. Jadis, on balançait un rock excité, très accrocheur, artificiellement gonflé et (relativement) dépourvu d'âme. Aujourd'hui, on calme le rythme, on oublie le cahier des charges "radio jeunes", on opte pour un ton plus grave et plus posé, on développe des climats, des humeurs, un état d'esprit sur une heure de musique variée mais très cohérente. Autrefois, on détonnait avec des couleurs saturées et lumineuses au milieu de la grisaille bien pensante des émissions de variété. Dorénavant, on se focalise sur une palette de couleurs certes bien réelle et vivante, mais également très sombre, avec des tons dominants autour d'un marron très foncé. Un marron qui a vécu, un marron qui mérite d'être exploré; un marron incrusté de motifs dorés de guitare claire et envoûtante, et plongé par endroits dans un noir d'une densité ténébreuse. Un marron nocturne au milieu duquel, les moments les plus éclairés ou au contraire les plus critiques, apparaissent comme autant d'étoiles filantes au scintillement aussi bref qu'essentiel. Autrefois enfin, on respectait à la lettre le minimalisme rock: basse, guitare et batterie. Aujourd'hui, on détaille des paysages sonores très riches en s'aidant également de quelques percussions discrètes mais indispensables, en créant à l'aide de claviers des sons parfaitement originaux et adaptés à ses envies (y'en a plein, y'en a partout, et c'est fabuleux!). On fait également appel à Lisa Germano (j'ai cru comprendre que ce n'était pas vraiment "n'importe qui") et à son violon. On chante en Duo avec Grace Slick (pas "n'importe qui" non plus) sur "Knock me out". On travaille le son jusqu'à une justesse infinie.


Tout ce déballage de moyens (matériels, artistiques, et humains) est mis au service d'un voyage dans un monde (1) où les souvenirs de l'enfance, les souvenirs tout court, ainsi que le rêve ont une place prépondérante. Ceci n'empêche toutefois pas des confrontations à la réalité elles aussi fréquentes, laissant tantôt une impression de soulagement, voire d'interlude festive, tantôt une amertume certaine, ou bien un désespoir et une crainte de petit oisillon blessé. Ainsi, des titres niais et countrysants (mais aussi bien foutus que les autres) ou totalement relaxants ("Taken") ou festifs et rigolos ("Fruitloop daydream") côtoient des morceaux vivement douloureux, où la réalité ("Knock me out") ou le rêve ("Too deep") se transforment en cauchemard. A côté des confrontations à la réalité, ou des tentatives d'échapper à la réalité, les passages purement "imaginaires", malgré là encore une belle dominante sombre, sont carrément des jolies peintures ou des paysages au relief attachant. Ils sont rien de moins que la partie apaisante du voyage, qui prend vie dans les régions les moins tourmentées d'un monde intérieur. Ce monde intérieur, l'Artiste l'a ici offert sans tricherie et, surtout, sans pudeur inutile, à l'auditeur. Celui-ci a le souffle coupé par une telle générosité, par une envie si inconditionnelle de partager des choses intimes et précieuses que tant d'autres garderaient pour eux.

On est totalement absorbé, des premières secondes du premier titre idéalement mystérieux ("In my dreams"), au grand envol final, envol ressenti presque physiquement, de la dernière chanson qui porte le nom de l'album. Enfin non... c'est l'album qui porte le nom de cette chanson. Bien sûr. Quoique... ??? Enfin bon, ce disque me rend gaga. Voyez-vous, quand je l'ai découvert il y a maintenant six ans, au stade où 4NB était encore à mes yeux un must de la musique (rires), je n'étais pas complètement capable de bien rentrer dans un tel album. A l'époque, In flight n'aurait eu que quatre étoiles. Mais aujourd'hui, je n'aurais pas l'air très sérieux si je lui en donnais moins de six. Cet album, non content d'être quasi-parfait sur le fond, l'est aussi dans sa réalisation, la qualité du chant de LP (qui a fait des progrès prodigieux depuis son ancien groupe, et pourtant elle n'en avait pas forcément besoin) et ses talents pour accoucher de mélodies aussi brillantes que nombreuses étaient en effet à la hauteur du projet. Si en plus je vous dis que les solos sonnent comme des prolongements parfaits des titres mais sans redite (ce qui est très rare: d'habitude, soit le solo est "autre chose" que le reste du titre, soit il en reprend au contraire une partie note pour note). Si en plus je vous dis que toute la fin de l'album (à partir de "Too deep") est tout simplement magnifique et encore plus originale (quoique) que le reste... Si de cette fin, j'évoque, entre autres, l'effet produit par l'enchaînement de deux titres totalement différents qui se terminent pourtant sur un même bruitage (je vous laisse la surprise... en fait le bruitage qui termine le premier des deux se poursuit en arrière plan pendant tout le second, au point de participer à son rythme)... Oh puis y'en a marre des "Si"! Courrez acheter cet album!

(1): le monde dont je parle ensuite est celui que j'imagine en écoutant le CD. Il n'a sans doute rien à voir avec les paroles qui sont, parait-il, plutôt quelconques.

tiens, c'est marrant, en lisant l'interview du groupe SPARTA dans le numéro 1 du magazine VERSUS qui vient de sortir (l'ancienne équipe de VELVET virée et qui fait dissidence donc avec un mag très proche de VELVET qui sortira en février avec d'autres rédacteurs, ça va on suit ? ...), j'apprends que Linda Perry a bossé comme compositrice pour Pink (!), pour Christina Aguilera (re-!) et Gwen Stefani (rere- !), qu'elle a son propre label et qu'elle a signé le groupe tchèque SUNSHINE dont le gars de SPARTA dit le plus grand bien, apparemment...

je rajoute le lien vers le label de Linda Perry: Custard Records

http://www.custardrecords.com/

custardrecords hein? Bon, honnêtement, j'ai un peu peur d'aller voir car le site de son ancien label faisait bien trendouze... mais pas autant que sa participation à Pink, Aguilera et Stefani... moi aussi ça m'a fait drôle quand j'ai découvert tout ça, parce que ce que j'ai entendu de ces trois schtroumpfettes ne m'a pas vraiment fait le même effet que du Linda Perry... c'est le moins qu'on puisse dire.

Pink par exemple... le truc le moins mauvais que j'ai entendu d'elle, c'était à peine digne du faux rock vu-à-la-télé actuel...

Oh putain! Je viens de faire une recherche d'Artist "Linda Perry" sur gemm.com... y'a certains prix vachement élevés! Notamment l'album After hours à 120 $! Je suis très content de l'avoir eu pour 60 euros alors...