[M-E 002] Mother superior > Moanin'

MOTHER SUPERIOR
“Moanin’”
Bad Reputation 2005
Style: voir ma chronique de “13Violets”



Les choses se passent plutôt bien pour la mère sup: une belle reprise de “Bomber” sur le Tribute à Motörhead “St Valentines Day Massacre” qui vient de sortir, et presque en même temps un tout nouvel album “Moanin’”, avec au passage un changement de label qui ne peut qu’être bénéfique, puisque Bad Reputation, contrairement à son nom, commence à avoir une bonne réputation, du fait qu’il lance un tas de nouveaux groupes de Hard’n’Roll qui marchent bien (Crystal Pistol, American Dog, Crank County Daredevils...) et qui n’ont rien à envier à The Darkness ou Tokyo Dragon au niveau de l’énergie rock’n’rollienne qu’ils dégagent. Mais Mother Superior se place tout de même bien en marge de ce courant revivaliste un peu trop “dans l’air du temps”, car d’une part ça fait longtemps qu’ils distilent cette musique avec persévérance (ils ont quand même une demi-douzaine d’albums derrière eux), et d’autre part leur heavy-Rock s’appuie sur de solides références ancestrales (MC5, Led Zep, Stooges, Badfinger, Humble Pie, Who, Stones...), bien plus que sur un mélange de Guns’n’Roses et de Supersuckers, ce qui ne les empêche pas de balancer des bennes de décibels avec une vivacité fulgurante, et ce nouvel album nous en met encore une fois plein les esgourdes. Dès le premier morceau “This Song Reminds Me of You”, on est happé par les hélices d’un groove des plus démantibulants qui démontre d’emblée avec quelle aisance ils vont droit à l’essentiel, et la suite maintient le même niveau de carburation sans que jamais ne pointe l’ombre baillante de la monotonie. “Forkintheroad”, “Get That Girl” et “Meltdown” sont bien typés seventies, avec chacun son riff robuste et sa rythmique bien graissée, son refrain railleur et son solo ébouriffé, tandis que “So over You” et “A Hole” sont plus proche d’un garage rock speedé qui fait gicler les gravillons. “Devil Wind” se distingue par son alternance guitare accoustique / riff sabbathien, mais c’est surtout “Jack the Ripper” qui constitue le point culminant de l’album, avec son rythme hyper-enragé, son ambiance ténébreuse et ses étranges background-vocals (on y entend notamment la voix de Dave Matthews). Contrairement à l’album précédent, où l’on reconnaissait une tendance plus exploratrice, avec des morceaux presque Soul Music, on ne trouvera sur “Moanin’” que de la pure électricité Rock high voltage, et par ailleurs une belle cohésion dans le travail en trio. Le nouveau batteur/ percussionniste s’est adroitement bien inclus dans le groupe (l’intro de “Little Motor Sister” le prouve), et l’enregistrement semble avoir été fait au pied levé. La production est tout ce qu’il y a de plus honorable et ne masque pas la brutalité sonique par trop de sophistication, cet album étant avant tout un appel à foncer voir le groupe sur scène, car c’est sans doute là qu’il affirme le plus aisément sa volcanique réputation. En attendant son passage près de chez nous, on peut toujours oublier la rigueur grisâtre de l’hiver en s’offrant cet album, dont la pochette est plus hypnotique qu’un sapin grand modèle équipé de toute sa scintillante garniture.