Trou-bleu !

TROUBLE
“Plastic Green Head”
Bullet Records 1995
Style: c’est pas net c’est trouble.



N’y connaissant alors encore rien en matière de Doom, de Stoner ou quoi que ce soit dans le style, j’avais acheté cet album au moment de sa sortie, juste à cause des feuilles de canabis qu’on voyait au dos de la pochette et de l’aspect psychotropique du CD qui semblait largement enfumé, avec ce logo mauve et tordu comme ça et cette hallucinante tête verte qui criait. Oui à l’époque j’étais encore bien jeune et pour perfectionner ma connaissance des chose de la vie, je n’hésitais pas à braver tous les interdits. Ha ! Ceci étant dit, passons à une analyse plus musicale de l’objet, puisqu’en effet je n’ai pas tardé à me rendre compte que, outre l’aspect “drogue douce” de cet album, il y avait quand même quelque chose de sérieux sous le capot. En l’occurence des riffs et des décibels.

Le son de gratte tout d’abord: crade et ferailleux, avec une distorsion quasi thrash qui récurait les oreilles dans le bon sens du poil. Quelque chose comme du Slayer joué au ralenti, je n’avais encore jamais rien entendu de pareil. Et puis cette voix touffue, enrouée et railleuse, un genre de cri de rage obstiné qui n’en finit pas, rien à voir avec Iron Maiden, Megadeth et ce que j’écoutais à l’époque. Sans parler des lyrics où il était questions de marsoins, de mangeurs de lotus et d’autres fleurs. Il y a aussi ces passages lents et drôlement doomeux, où on a l’impression de se réveiller d’un cauchemar en pleine canicule dans un des pires bas-fonds de Chicago. (quand on entend soudain cette conversation avec le gros flic ordonnant au pauvres gars de sortir de la bagnole: “Get off the fuckin car...etc”).

Et même si ce n’est que bien plus tard que j’ai découvert le reste de la discographie de Trouble, et notamment la pesanteur assez sophistiquée de leur album “Manic Frustration”, et si la plupart des fans (les vrais) ne prêchent que par la voie black-sabbathienne de la toute première période du groupe (“Psalm 9”, “The Skull”, “Run To The Light”), je dois avouer que je reste disons affectivement attaché à cet album tardif, qui fut en fait le dernier que le groupe enregistra ensemble, avant un silence de plus d’une décénie, et un retour discutable l’an dernier. “Plastic Green Head” est le genre d’album auquel on jette une oreille coupable mais heureuse, comme on refeuillette une vieille BD adolecente aux pages écornées. Les vibrations qui l’habitent réveillent toutes sortes de souvenirs fous.

J'aime bien aussi cet album... à noter sur la version japonaise, la belle ballade "Till The End Of Time"... en bonus...