POLYURIC BRAINS (ex metal expert)
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DRILLER KILLER

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Message  Kaptendonc Sam 4 Aoû - 19:53

DRILLER KILLER
The 4Q mangrenade”

Osmose prod. 2005
Style: Death Crust Metal

DRILLER KILLER Drilkilpocnb8

Chez nous, il y a toujours en été cette espèce de torpeur bouillante qui rend fou, à partir d’une certaine heure surtout, quand on croit qu’avec le coucher du soleil arrivera la fraîcheur apaisante du crépuscule, or c’est tout le contraire qui se passe: il n’y a pas d’air et nous brûlons à petit feu, mes frères et moi, dans notre caravane suffocante où nous venons aujourd’hui de manger notre dernier chien, celui qui avait cette atroce maladie dont je ne sais plus le nom, comme un ver qui pond ses oeufs dans le cerveau jusqu’à ce qu’il éclate en un grouillement visqueux qui n’arrête plus de bouger. Mais nous avons trop faim de viande ici, et la chaleur ne la laisse pas se conserver longtemps, car d’autres espèces d’asticots arrivent très vite et en profitent pour proliférer partout, et que peuvent-ils faire de mieux d’ailleurs ? La caravane est remplie de cette odeur de pourriture qui ne s’en va jamais, et se mélange, quand on a le malheur d’ouvrir la porte, à celle du marais, un véritable égoût boueux et rougeâtre comme on n’en trouve que dans les contrées frappées de malédiction divine. Nous buvons des litres de bière tiède, mes frères et moi, pour ne pas penser à tout ça, pour ne pas devenir encore plus fous que ce que la température trop élevée nous suggère, jour après jour, alors que nos yeux sont déjà au bord de tomber de nos orbites et que nos cheveux ressemblent à de longues crottes de nez que des mains qui ne nous appartiennent plus cherchent à pétrir de leurs ongles rognés. Nous savons que la mort se rapproche en pataugeant sur les berges baveuses, mais comme accrochés à un restant d’instinct de survie, nous rongeons la carcasse du chien jusqu’à ce que des éclats d’os se plantent entre nos dents, qui s’effritent déjà, comme celles de notre père au fond du marais.

C’est là qu’il habite maintenant, et il chante certaines nuits, enfin je dis chanter, c’est plutôt un grognement, un grondement, un gargarisme qui semble agiter les eaux déjà couvertes de pustules écarlates. Le marais, puisque je l’évoque, n’a pas toujours été ce trou fangeux où aucune créature même la plus galeuse ne voudrait venir s’abreuver. Il fut un temps où l’on y trouvait de nombreuses anguilles de grande taille, tout à fait commestibles, et notre père avait dans l’idée d’en faire un commerce quelque peu lucratif, mais fainéant comme il l’était, il a pris un genre de raccourci, qui lui fut fatal. Comme notre grand-père était revenu d’une guerre en extrème-orient avec une petite collection de souvenirs, parmi lesquels des grenades encore en état de fonctionner, notre père a eu l’idée d’en balancer la moitié dans le marais avant de récolter tout ce qui surnagerait. Les choses se sont bien déroulées la première fois, il y avait de quoi remplir au moins trois grands sacs-poubelle de morceaux d’anguilles, mais à la seconde tentative, la goupille ne s’est pas décrochée de la grenade, trop rouillée sans doute. Coléreux et impatient comme il l’était toujours - pas étonnant que notre mère se soit barrée dès qu’il eut planté la caravane ici - notre père s’est mis à jurer sur tous les tons en essayant d’arracher l’anneau de métal avec ses dents, et sans doute a-t’il réussi puisque instantanément tout a explosé, sa tête, la barque où il se tenait accroupi, des trombes d’eaux, les arbres alentours, la terre, le ciel. Et juste avant, les derniers mots que nous l’avions entendu pronnoncer ont été: “Fuck you man ! Grenade !”, mais un de mes frères prétend que c’était plutôt “Fuck’ human grenade”, et sur ce point personne ne pourra nous départager, sauf peut-être notre père lui-même dont les jurons et les menaces folles continuent de jaillir du fond du marais, des nuits durant, accompagnés d’étranges stridences électriques et de martèlements accélérés qui agitent les eaux d’une écume nauséabonde.

Jamais personne ne vient traîner par ici, et lorsque nous allons certains jours, à tour de rôle, nous réapprovisionner en bière au village, les gens que nous croisons se détournent ou s’enfuient, et seul l’honnète épicier, qui avait envers mon père une sorte de respect craintif dont nous ignorons l’origine, continue de nous fournir en bière en ajoutant des chiffres à la craie sur la longue ardoise de crédits. Parfois nous ramenons une fille du village, une de ces jouvencelles boutonneuses pas très délurées, avec laquelle nous nous amusons un peu, à l’aide du coffret perceuse-visseuse (50 accessoires) que nous avions décrété d’office être le principal héritage de notre père. Avec ces jolies mèches à métal, forets à béton, fraises et meules de toutes sortes, ça ne dure jamais très longtemps, et quand nous avons fini, nous balançons tout ce qui reste de la pauvre fille dans le marais, où nous espérons que notre père se réjouira du spectacle. Le sang frais fait toujours plaisir aux amateurs de perceuses, mais maintenant ce qui nous intéresserait plutôt, c’est un nouveau chien. Ou alors il faudra bien se résoudre à manger les rats, que nous avions jusqu’à présent épargnés pour des raisons purement esthétiques. Le problème c’est qu’ils commencent à pulluler dans la caravane et alentour, et que les nuits sont souvent synonyme de batailles acharnées pour ne pas se faire dévorer une oreille ou un bout du pénis. Nous nous protégeons autant que nous le pouvons, en nous entourant le corps de morceaux de vieux pneus, mais je crois qu’il va falloir opter bientôt pour une solution radicale: il reste quelques grenades au fond de la gibecière de grand-papa, ce serait peut-être le moment où jamais de les balancer sur leurs sales gueules de rats en gueulant “Fuckyoumangrenade !” en singeant le paternel, et peut-être qu’au milieu de la bouillie rouge, il restera des bonnes carcasses à ronger. Mantenant si vous aussi vous aimez bien le cartilage graisseux qui sent bon le fer brûlé, vous n’avez qu’à faire un tour par ici, et frapper à la porte de la caravane, là où c’est marqué “Driller Killer”, et sincèrement vous serez les bienvenus, à condition bien sûr que vous nous rameniez quelques filles, vous savez, du genre qui ont des gros culs poilus et des boutons partout.
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Message  jol Dim 5 Aoû - 12:34

Kaptendong a écrit:
pour ne pas se faire dévorer une oreille ou un bout du pénis.

Reality bites.
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