eddie and the hot rods

EDDIE AND THE HOT RODS
“Life on the Line”
Label: Island records 1977
(reéd: Captain Oï 2007)
Style: Punk-Rock Culte



Encore un bon truc pour faire vendre des tonnes de skeuds: Le Punk a 30 ans ! Ouais, j’ai vu ça écrit en très grosses lettres à la Fnac l’autre jour, à côté d’un écran où défilaient des vieilles vidéos de concerts des groupes de l’époque remastérisées en DVD pour la circonstance. Mon fils matait ça depuis sa poussette d’un air profondément intrigué: Punk ? 30 ans ? Hum hum, bizarre quand même qu’un mouvement aussi subversif et révolutionnaire soit à présent commémorationné, muséeifié, encyclopédisé de la sorte. Les types qui ont vraiment vécu la chose et qui sont encore en vie aujourd’hui doivent la trouver un peu raide, mais bon, d’un autre côté ça nous permet à nous tous maintenant de découvrir des trucs, puisque, vaste opération commerciale oblige, des tas de labels profitent de cet anniversaire inopiné pour y aller de leurs reéditions d’un maximum de matos qu’on aurait pu croire sombré dans le pire oubli recouvert de toiles d’araignées gluantes.

Alors entre les compilations à deux balles et les pressages à la va-vite de fonds de tiroirs, on peut trouver heureusement quelques perles de très bonne qualité à un prix abordable de surcroît. Par exemple ce “Life on the Line” aussi dangereusement hirsute qu’électrifié, qui regorge de violence basique et de bonus bien choisis. EDDIE AND THE HOT RODS (= Eddie et les Verges Chaudes) n’était pas à proprement parler un groupe Punk dans le style des Sex Pistols ou des Clash, puisqu’ils écumaient déjà les Pubs d’Angleterre depuis 1975 en jouant un genre de Rock péchu et alcoolisé à la Doctor Feelgood ou Tyla Gang, qu’on appelait généralement Pub-Rock, mais de par les thèmes abordés dans leurs chansons (leur premier album s’intitulait “Teenage Depression”) et la rage ruisselant de leurs guitares, ils n’ont pas tardé à être assimilé au style Punk au sens large, et c'est rien de dire qu'ils avaient de la concurrence en pagaille.

Cet album possède en effet tous les atouts pour non seulement correspondre aux critères pour entrer dans la catégorie Punk (spontanéïté, hystérie, révolte adolescente), mais encore faire preuve d’une qualité musicale nettement supérieure à tout ce qui se faisait à ce moment-là. Dès le premier morceau on s’en rend compte, riff parfait, refrain parfait, solo parfait, son tellement parfait (Ah c’est là qu’on apprécie le remastering) qu’on croirait entendre des cuivres dans le fond, mais non, ce sont juste les grattes qui sonnent si joliment rondement que ça donne une impression d’épaisseur, de profondeur et de chaleur brûlante que j’ai rarement eu l’occasion d’entendre de la part d’un groupe de cette catégorie. Vraiment ça roule, ça fonce et ça balance un putain de refrain à la Thin Lizzy, presque Hard en fait, comme la plupart des autres morceaux qui ne manquent pas de vous harponner les oreilles bien profond. Le déferlement de vrais tubes Rock’nRoll est coupé en deux par un instrumental “We sing... the Cross” qui démontre le talent des musiciens: le bassiste n’a que 15 ans, il ira rejoindre les Damned plus tard, tandis qu’on retrouvera le guitariste chez les Inmates après le split des Hot Rods en 1980.

Formation éphémère qui n’a pas survécu à l’avénement des eighties mais qui, telle une puissante comète, a éclairé la planète le temps d’accomplir sa révolution illuminée, Eddie and the Hot Rods compte parmi les grands groupes de la fin des seventies, qui ont donné tout ce qu’ils savaient et pouvaient pour ébranler les barricades musicales de l’époque Pop anglo-saxonne. La preuve dans les bonus tracks, ce débordement d’énergie Live où le groupe est rejoint par Rob Tyner, leader du fameux MC5, le groupe Garage-Rock de Detroit qui a influencé toute la scène Punk américaine et qui fait des émules encore de nos jours. En d’autres termes, si vous prévoyez d’acheter un CD pour commémorer la fameuse année 1977, autant que ce soit celui-là, et pas n'importe quel putain d'autre. Est-ce clair ?