Social Distorsion & Mike Ness

SOCIAL DISTORTION
“Somewhere Between Heaven ans Hell”
(Sony Music 1992)
Style: Punk Rock (’n’Roll)



En gros on peut dire que Social Distortion a été pour le Punk ce que les Guns’n’Roses ont été pour le Hard, à savoir la méchante étincelle Rock’n’Roll qui a mis le feu aux poudres juste au bon moment pour exploser l’oreiller d’un style à moitié endormi et ronronnant à côté du radiateur. Encore aujourd’hui, des groupes comme Offspring ou Rancid se réclament de son influence, même si ce que font ces derniers est nettement moins bon, ou en tout cas différent de Social Distortion, qui avait comme avantage de comporter dans ses rangs des bons musiciens, sachant jouer autre chose que les tablatures de base du Punk style Ramones, et aussi un leader doté d’un timbre vocal et d’un charisme sans équivalent. Mike Ness est en effet non seulement l’âme du groupe, mais encore la voix sans qui sa musique n’existerait pas. Comme Joe Strummer pour les Clash, ou Axl Rose pour les Guns (nous y revoilà), sauf que Mike Ness, même s’il a traversé des sales périodes de drogues dures et de désintoxications inhérentes n’a pas attendu mille ans pour reformer son groupe ou sortir des albums solo. Créateur constant et lucide, il n’a pas hésité à puiser dans la culture Américaine ce qu’elle avait de plus authentique: si les Punks de base crachaient sur ce vieux croulant de Johnny Cash, Mike Ness leur prouvait en quelques accords revisités que ses chansons contenaient plus de sentiments sincères et de souffrance que les refrains faciles des Dead Kennedys. Ainsi sur cet album qui chauffe le bitume à cent à l'heure, on sent comme en filigrane une trame Country bien campée, semblant vouloir relancer les dés pour bien montrer que le Rock n’a rien à renier de ses racines. C’est ici le stade “adulte” de Social Distortion qui, passée la crise d’adolescence, reprend contact avec son pays et ses ancêtres en s’émerveillant d’en découvrir la culture. Donc, pas de cris stridents ni d’agression sonore ici, mais quand même une énergie brute qui décape le vernis du parquet de la salle de séjour ou ce qu'il en reste. Je précise qu’il y a même des soli de guitare et des bons.



MIKE NESS
“”Cheating at Solitaire”
(Time Bomb / Arista 1999)
Style: Country, Rock, and Roll



Dans le parfait prolongement de “Somewhere between...” où, sur les photos à l’intérieur de la pochette on voyait un Mike Ness gominé aussi graisseusement que dans le film “Grease”, et accompagné d’autant de filles que de bagnoles customisées qui font partie du cliché en trois dimentions, cette escapade en solo fait découvrir le bonhomme encore plus investi dans un travail de réconciliation entre les PunkRockers révolutionnaires et les simples amateurs d’Elvis Presley et d’Emilou Harris, aussi a-t-il judicieusement éclairci les vieux esprits revenchards en collant un texte bien détaillé au dos de la pochette, que je vous traduis ici: “Tout ce que Mike Ness se souvient du temps où il était un petit garçon c’est que ses modèles n’étaient pas des athlètes; c’étaient des gangsters et des guitaristes junkies. De là son attitude rebelle et son goût pour un son brut. Mais bien avant d’avoir entendu les Ramones, Clash ou les Sex Pistols, il a grandi en écoutant les Stones, Johnny Cash, Creedence et Yes, et même le glitter’Rock des années 70. Ainsi Cheating at Solitaire n’est autre qu’une nouvelle collection de chansons dues au talent de l’éternel chanteur de Social Distortion. Enregistrant tout seul pour la première fois depuis près de vingt ans, Ness a apporté une large palette d’influences à cet album. L’odeur de racines qui s’était toujours faufilée à travers sa musique est explorée en profondeur sur Cheating at Solitaire, où Ness brouille les frontières entre les anciennes formes de la Musique Américaine. Sur cet album qui expose au grand jour son affection pour la country traditionnelle et le bluegrass, vous découvrirez sa passion pour le vieux blues et le rockabilly, mais vous pourrez sentir partout le côté Punk et l’attitude qui l’a ammené à exprimer ses conflits intérieurs et ses sentiments vibrants au travers des années.” Texte un brin ampoulé mais que peut-on franchement y ajouter ? Peut-être juste signaler que sur la photo au verso, Mike a des lunettes noires, un chapeau de cow-boy, une Chevy 55 et une guitare Epiphone folk pleine de signatures ? Bref, une méchante classe ? Mais que son album s'écoute comme un Requiem de Mozart made in USA ?