ELOY

ELOY
“Inside”
EMI 1973
Rock Progressif



Dans la série “les grandes énigmes de l’Histoire”, je vous présente ELOY, un groupe allemand qui a sorti une bonne vingtaine d’albums durant trois décénies d’activité, mais dont le succès n’a jamais dépassé les rives bétonnées du Rhin. En France on ne trouve même pas leurs disques, ou alors au prix de pénibles recherches sur le Web. “Inside” est le deuxième qu’ils ont sorti, on y reconnaît déjà bien plantées les bases de leur son, à savoir un mélange de poésie planante et de violence astrale, qui à bien des moments rappelle par son côté sombre Van der Graaf Generator ou Hawkwind. La durée des morceau va de 2 mn 30 à 17 mn 20, ce qui n’est absolument pas gênant car l’ensemble de l’album s’écoute comme une symphonie. Il y a de très beaux passages d’orgue qui creusent une profondeur de cathédrale, tandis que la basse énorme secoue l’édifice de façon hallucinante. La voix du chanteur est accompagnée d’un aura de mysticisme, et seul son terrible accent allemand brise le charme à la longue. C’est malgré tout un album très riche et assez fascinant que je récoute souvent et qui paradoxalement a mieux vieilli que ceux qu’Eloy a sortis bien plus tard. Remasterisé en 2000, le CD est puissant.

note:


ELOY
”Silent Cries and Mighty Echoes”
EMI 1979
Rock Progressif



C’est au milieu des seventies qu’Eloy impose son logo et affirme réellement son talent, avec des concept-albums assez ambitieux, comme “Ocean” (1976) qui traite du mythe de l’Atlantide, et dont la pochette a été exécutée par le peintre-illustrateur Suidmak, bien connu par les lecteurs de romans de science-fiction de la collection Pocket puisque c’est lui qui a réalisé la plupart des couvertures. On le retrouve d’ailleurs ici pour l’artwork de ce “Silent Cries and Mighty Echoes” qui a été pratiquement le “Dark Side of the Moon” d’Eloy, c’est à dire l’album le plus vendu dans son pays. C’est vrai que la comparaison avec Pink Floyd est facile surtout en entendant les envolées de guitare cristalines et quasi-Guilmouriennes qui introduisent le premier morceau, juste avant que ne déboulent une basse furieuse et une batterie à cinquante futs, puis le chant époumonné à l’accent teuton bien reconnaissable. Les titres suivants se décomposent en a), b), c), c’est donc encore un concept-album,dont je n’ai toujours pas compris réellement le sens, mais qu’importe, musicalement ça tient la route et c’est extrèmement agréable à écouter, contrairement à des trucs de la même époque, genre Yes, que je ne supporte plus, il y a ici de magnifiques fulgurances de guitare et de synthés, des choeurs classieux, une atmosphère très “2001 odyssée de l’espace” mais en plus dramatique, plus profonde et survoltée.

note:


ELOY
“Ra”
ACI / SPV 1988
Rock Progressif



Dur, dur, le passage aux années 80. Même s’ils on rajeuni leur logo, les pauvres gars d’Eloy ont du mal à intéresser quiconque avec leurs longues dérives cosmiques, dont les amateurs de New Wave ou de Heavy Metal n’ont que faire. Le groupe sort deux albums assez insipides “Metromania” et “Performance” dont la pochette représentait des cosmonautes jouant au billard, Eloy ne pouvait guère tomber plus bas. Après un changement de line up et de label, voici une dernière tentative de concept-album tout à fait science-fictionnesque introduit par une voix d’hotesse de l’air déclarant “welcome to... immortality”, c’est un peu kitsch mais bon. L’ambiance générale est tout de même suffisamment intriguante pour qu’on se laisse happer sans effort par cette étrange spirale sonore, qui nous entraîne vers des sommets de vibrations électriques, ou nous plonge dans des abysses violacées dont on explore la douceur des parois. Le morceau “Rainbow” est un grand moment de joie quasi religieuse. Toujours cet accent allemand par dessus les english-lirycs, mais là on commence déjà bien à y être habitué.

note:


ELOY
“Destination”
ACI / SPV 1992
Rock Progressif



Après un trou de quatre ans, Eloy revient, mais réduit à un duo: Frank Borneman (vocals, guitars) et Michael Gerlach (keyboards), les seuls rescapés de la formation originale. Il y a quand même une bonne dizaine de “guest musicians” qui les accompagnent sur cet album: trois bassistes, un joueur de flûte et plein de choristes. Le son global est assez différent de tout ce qu’ils ont fait précédemment, et rappelle davantage des groupes comme Genesis (période Phil Collins), ou Alan Parsons Project, c’est à dire du soft Rock très commercial. Les morceaux ont quand même tous au moins sept minutes, ce qui ne risque pas de les faire entendre sur les radios. Malgré tout, on ne peut pas dire que ce soit mauvais, et encore une fois il y a beaucoup de richesses dans les compositions, le point culminant arrivant à la fin: le morceau “Jeanne d’Arc”, épique et majestueux, avec choeurs guerriers, batterie martiale, envolées de synthétiseurs... c’est même carrément mieux que Rhapsody, Avantasia et consors, en tout cas ce morceau justifie à lui seul l’achat de l’album. C’est d’ailleurs avec ce CD -là que j’ai découvert Eloy, et cela m’a bien sûr donné envie de découvrir tous les autres.

note:


ELOY
“The Tides Return Forever”
ACI / SPV 1994
Rock Progressif



Et voilà que deux ans plus tard nos deux compères se transforment en trio, grâce au retour inopiné de Klaus-Peter Matziol, c’est lui le furieux bassiste qui oeuvrait au début. Le logo d’origine est de retour aussi, donc tout va bien, et l’on sent sur cet album que tout le monde est en grande forme, il y a comme une euphorie comunicative qui s’en dégage. Nettement meilleur que le précédent, il contient de véritables moments de grand art, surtout le morceau qui donne son titre à l’album, avec au refrain une explosion lyrique invraissemblable. Les parties de batteries sont énormes, les soli de guitare somptueux, la production impeccable, on entend même quelque part une chorale d’enfants. A la fin il y a encore une fois un morceau épico-heroique “Company of Angels” qui est tout simplement la la suite de “Jeanne d’Arc” (apparemment Frank Bornemann est un fan de la pucelle d’Orléans), et qui est bien sûr géant et merveilleux.

note:


ELOY
“Ocean 2: The answer”
GUN / BMG 1998
Rock Progressif



Encore un silence de quatre ans durant lesquels Eloy sort surtout des retrospectives dont certains vieux morceaux sont remixés (“Chronicles” 1 et 2), mais la grosse opération qui se prépare, c’est la suite d’”Ocean”, vingt ans plus tard, alors que l’album original est devenu culte. Curieusement c’est sur un label de Metal (Gun records, qui a plutôt des groupes de Thrash à son catalogue) que sort l’objet, mais sans que cela fasse beaucoup de bruit. En tout cas s’ils comptaient conquérir un public Metal, c’est raté, me semble-t-il. Apparemment l’album n’a pas rencontré le succès escompté, et pour cause, pas qu’il soit mauvais, mais il ne contient à vrai dire aucun grand morceau qui sort du lot, tout est un peu plat, et même s’il y a des passages assez géniaux (la lente montée en puissance de cet étonnant chant psalmodié sur “Ro Setau”), il manque assez sérieusement de punch, d’ailleurs je crois que je n’ai encore jamais réussi à écouter cet album en entier sans m’endormir au plein milieu. Inutile d’ajouter qu’après cet échec, Eloy n’a plus jamais rien enregistré.

note:

hum .. ça donne envie vais essayer de me chopper ”Silent Cries and Mighty Echoes”

J'ai souvent eu du mal avec ce genre de visuel sur les pochettes, mais celles-ci me plaisent beaucoup. Maintenant savoir si la musique peut m'intéresser autant c'est autre chose... en tout cas j'ajoute ce groupe dans ma liste de "trucs à voir de plus près un jour".

Excellent groupe.. tendance à sonner assez cheapos je trouve, mais ça passe comme une lettre à la poste !