Artesia > Hilvern (2006)

C'est l'histoire d'une dame, belle et douce et bonne, dont le passe temps favori était d'aller dans les bois avec son amant. On ne sait d'ailleurs pas trop ce qu'ils faisaient ensemble dans les bois, ces gros porcs. Mais n'ayons pas les idées trop mal placées. Elles ne colleraient pas à l'esprit du duo Artesia. C'est pas le genre. Remarquez si ça se trouve Gaëlle joue par ailleurs du tambourin dans un groupe de porno grind dont Agathe écrit les paroles, mais si tel est le cas, cela ne nous regarde pas ici. N'empêche moi j'aimerais bien savoir combien d'hommes elle a aimé la dame belle et douce et bonne, parce que tantôt on nous parle d'un homme en particulier dont elle pleure la disparition ("une ancienne légende"), tantôt on a l'impression qu'elle s'est amusée un peu plus que ça ("les hommes ne se rappelent plus mon nom")

Mais en fait tout ça on s'en fout car les cochonneries dans les bois c'était il y a mille ans. Aïe. Voilà que ça se gâte. La dame belle et douce et bonne est en fait une fantômette qui erre dans le bois où elle a tant aimé, et qui s'y emmerde ferme si vous voulez mon avis. Il ne lui reste que des souvenirs et une musique lente comme une marche funèbre et d'une profondeur inouïe, dont même les aïgus sont graves. Certains solos de violon viennent bien apporter quelques rayons de soleil à un piano et à un synthé crépusculaires, mais il faut croire qu'en Hilvern le Soleil n'éclaire pas beaucoup mieux que la Lune. Tout ce qui aurait pu donner un peu trop d'énergie à la musique a en effet été judicieusement évité ou gommé. Le disque est donc d'un calme inquiétant, toute la vie qu'on croit y déceler est déjà partie. Si les passages instrumentaux sont mortellement désolés, c'est encore pire quand ça chante, car c'est une vraie voix d'ange qui interprète la défunte, en prenant bien soin de ne pas mettre trop de vie dans la prononciation de certaines voyelles (les "i" par exemple) Agathe et Gaëlle ont pensé à tout quoi. En plus la réalisation, avec la production de Loïc Cellier notamment, est impeccable, sobre et de bon goût, et le disque s'achève sur un titre si fort qu'il en éclipserait presque les autres. Pas mal non ?

Ce n'est pas du metal, c'est même tout calme, mais la musique extrême progresse aussi par là.



Liste des morceaux :
01 Une nuit en Hilvern
02 L'autre chemin
03 Rencontre avec la dame
04 La clairière des fées
05 Une ancienne légende
06 Barenton
07 Prière au mortel
08 Les hommes ne se rappellent plus mon nom
09 Eveil et désespoir
10 L'abandonnée


Musiciens :

Agathe M. : chant, synthé, piano
Gaëlle D. : violon
Loïc Cellier : percussions, guitares acoustiques (d'après http://metalchroniques.canalblog.com/archives/2006/04/index.html mais mon livret ne confirme pas)

Tu aurais peut-être pu préciser le label: PRIKOSNOVENIE, dont il a d'ailleurs déjà été question dans un vieux topic:
https://antredumetal.forumactif.com/General-c1/Matiere-precieuse-f12/Decouverte-t205.htm
En y cherchant bien, on peut trouver 2 extraits mp3 de cet album d'Artesia (en les écoutant ça m'a fait penser à Dark Sanctuary, un peu trop même)

Je ne parle pratiquement jamais du label dans mes chroniques, pourquoi ne me faire cette remarque que maintenant ?

(jamais écouté Dark Sanctuary moi, c'est bien ?)

jol a écrit:Je ne parle pratiquement jamais du label dans mes chroniques

C'est vrai, j'avais même pas remarqué. Je crois quand même que la mention du label permet de mieux situer le groupe selon la "famille" à laquelle il est afilié (Nuclear Blast, Roadrunner, Osmose...etc, des noms qui riment, pour les connaisseurs, avec le gage de qualité qui l'accompagne, ou en tout cas un style et un état d'esprit bien précis). Dans le cas de Prikosnovenie, c'est un label spécialisé dans le genre "heavenly & co", dont rien que le nom peut faire fuir certains, ou à l'opposé rassurer d'autres ou intéresser ceux qui en ont entendu parler.

Dark Sanctuary c'est le groupe devant lequel tout le webzine Obsküre au grand complet se prosterne unaninement à longueur d'années (et le magazine Elegy aussi), bref du lyrisme lacrymal à dialectique atmosphéro-gothisante suprême etc... (cela dit un morceau de leur 1er album figurait à la fin d'un vieux sampler Metallian, je ne sais plus lequel mais c'était quand même assez envoûtant et décalé par rapport au reste...)

Kaptendong a écrit:du lyrisme lacrymal à dialectique atmosphéro-gothisante suprême etc...

C'est un peu l'effet que m'avaient fait les extraits d'Artesia, mais sans pour autant m'écoeurer ou créer une gêne en moi, donc j'ai commandé l'album pour en avoir le coeur net.