RISK - THE REBORN

RISK
“The Reborn”
(Steamhammer 1992)
style: Heavy Népal



“The Kaliyuga... The Age of Deterioration. It’s upon here and now. Men are evil minded, contenious slaves - desperately poor and unhappy, because they don’t deserve good fortune. They lust after futile things and dominated by superficial, greedy women who gossip unceasingly and give birth to too many children. The population is increasing and give rapidly in spite of all the natural disasters, famines and wars. A race in misery, crushed by its leaders. Their distress can only be ended when Ravana, the annihilator is reborn. So is it written.”


Allons bon, qu’est-ce qu’il nous a encore trouvé là ? (Vous avez beau lever les yeux au ciel en poussant un profond soupir de lassitude, il n’empêche que vous n’imaginez pas un seul instant à quel point ma CD-thèque est une mine profonde et inépuisable remplie jusqu’à la surface de trésors dont j’ignore pratiquement moi-même la réelle valeur, d’ailleurs chaque fois que je tombe sur un de ces précieux albums, la première des choses que je me demande c’est ce qu’il m’a pris de l’acheter, mais quand je le reécoute, ça me semble évident, et j’ai en fin de compte zéro regret de l’avoir dans ma poussiéreuse collection, cet album, et tous les autres aussi, et fermons la parenthèse).

Maintenant pour vous parler de “The Reborn” de RISK, je vais d’abord embrayer sur Faithless Breath, un groupe allemand des seventies-eighties qui fut en quelque sorte à lui tout seul l’ancêtre du genre True Metal: 100 fois plus velus que Manowar, ces musicos à grosses moustaches vikings jouaient sur scène avec des casques d’Astérix et buvaient de la cervoise dans des cornes d’aurochs. Allez cliquer leur nom sur Metal Archives, il y a une photo qui va vous faire rire, et leurs pochettes sont du même style, voire pires. Cela dit les albums de Faithless Breath sont plutôt du genre introuvables de nos jours, et d’ailleurs j’avoue n’avoir encore jamais rien écouté de ce groupe, dont je ne connais que ce que j’en ai lu ici ou là sur le ouaibe. Si quelqu’un (Cardinal Sin peut-être?) en sait un peu plus long au sujet de Faithless Breath et de leur musique , merci de nous en dire deux mots. Mais au fait, quel rapport avec Risk ??? Eh bien tout simplement c’est le même groupe, enfin disons que c’est à peu de choses près le dernier line-up de Faithless Breath avant qu’ils ne splittent pour renaître justement sous le nom de Risk, on se demande bien pourquoi, vu qu’ils avaient encore pas mal de succès à ce moment-là, surtout en Allemagne, tandis que Risk fut un vrai flop. Sans doute ne supportaient-ils plus l’aspect viking et toute la mascarade qui l’accompagnait, aussi eurent-ils besoin d’un changement d’idendité radical, et le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils y sont parvenus.

Risk devint en effet ce qu’on peut appeler un groupe de Fun Metal, entendez par là: humour lourd et teuton à la Tankard, avec des pochettes dessinées style cartoon, pleines de personnages à gros nez ou à têtes d’animaux. 3 albums et 1 EP sont sortis dans cet esprit-là, et puis tout à coup, boum! , fini la grosse rigolade, le groupe a décidé d’être ultra-sérieux et de sortir cet album conceptuel ésotérico-mystique tout à fait hallucinant, racontant en gros l’Apocalypse version brahmanique, et bardé d’une pochette peinte par Andreas Marschall (Blind Guardian, Rage, Sodom... etc), artwork assez hideux, soit dit en passant. Alors qu’est-ce qui a bien pu leur arriver aux gars de Risk pour tripper comme ça sur je ne sais quoi d’aussi zarbi ? Ont-ils rencontré le grand Krishnamutri en personne ? Leur dernière tournée s’est-elle terminée à Khatmandou ? ou bien ont-ils glissé sur la mauvaise pente d’une addiction à l’opium, après avoir dissimulé des plants de pavots dans leur jardin entre les choux et les rutabagas ?

On pourrait se moquer de la sorte assez longtemps, sauf que le hic, c’est que l’album est bon, voire excellent, ou en tout cas surprenant d’un bout à l’autre, et en outre d’une qualité et d’une originalité remarquables. En effet, cela n’a pas dû être une mince affaire que de mélanger des mélodies hindoues, des riffs power-metal, une ambiance orientale et des choeurs guerriers, en tout cas ça tient tellement la route qu’on ne peut que s’interroger sur l’élaboration d’un tel cocktail qui tue. Imaginez un peu un mélange entre Ravi Shankar et Grave Digger, ou entre Accept et la B.O. de “La Route des Indes”.

Bon j’exagère un peu car ça reste quand même profondément Heavy du début à la fin, et même s’il y a des passages instrumentaux (qui ne dépassent pas 1 minute 15), les morceaux sont tous calibrés selon un format traditionnel (environs 4 minutes) et tout est fait à la guitare électrique et au sitar (instrument à long manche et à caisse hémisphérique du Nord de l’Inde), je veux dire il n’y a pas de claviers ni de longues dérives lyriques à la Savatage, et encore moins de radotages sur fond de violons. Les concept-albums en général m’ennuient, mais celui-là n’en laisse pas l’occasion, car tous les morceaux cassent la baraque et leurs riffs sont non seulement brillants d’inventivité, mais aussi efficaces et furieusement mélodieux. Le guitariste Romme Keyser a fait partie du premier line-up d’Angel Dust, et curieusement la voix de Heimi Mikus est assez proche de celle du chanteur d’Angel Dust. En fait par bien des côtés Risk fait penser à Angel Dust, avec en plus pour cet album une bonne utilisation de gammes asiatiques et une pertinence de composition qui frisent le coup de génie. Malheureusement il semblerait que cette oeuvre n’ait pas été appréciée à sa juste valeur, et que ses chiffres de ventes aient été suffisemment bas pour déprimer le groupe au point de le faire disparaître de la surface terrestre. Pourtant ils avaient vraiment l’air d’y croire, il y a même dans le livret du CD un coupon à découper pour commander le T-shirt de “Reborn”, et honnètement je doute qu’il y ait beaucoup de monde qui ait envoyé le coupon et porté le T-shirt, ou qui le possède encore, soigneusement lessivé, repassé et rangé dans son armoire à linge, avec une bonne odeur de lavande.

faudra que je le réécoute un jour celui là j'en garde pas un souvenir impérissable. Quand à Faithless Breath j'avais une réédition genre 2 albums en 1 dont je sais plus le nom, c'est rigolo mais j'en garde pas un souvenir très mordant... un genre de Running Wild meet Gravestone, enfin du heavy allemand pas forcément au dessus du lot